42e et 43e jours – Reprise de la violence

Share

Le dernier cessez-le-feu

Franchement, je croyais que c’était fini pour cette fois-ci. Peu à peu, on parlait des événements de cet été meurtrier au passé. Je retrouvais ma ville. Je passais de bons moments entre amis.

La plage du Hilton à Tel Aviv

La plage du Hilton à Tel Aviv

Hier, j’avais commencé à écrire et j’avais donné comme titre à mon billet : Le dernier cessez-le-feu. Je pensais dernier cessez-le-feu avant la signature d’accords. Je prenais mes désirs pour la réalité. Enfin, c’était bien le dernier cessez-le-feu avant une nouvelle attaque.

Récapitulons : le 17 août 2014, le 42e jour à minuit, devait prendre fin le cessez-le-feu de cinq jours, le plus long des cessez-le-feu. Comme toujours, à l’approche de l’heure fatidique, les rumeurs allaient bon train tandis que la tension montait. Pas tellement à Tel Aviv mais sûrement dans les localités frontalières du Sud où les tirs d’obus de mortiers et de roquettes ont des conséquences directes sur la vie de leurs habitants.  Faut-il dormir  dans l’abri ? Les familles hébergées dans le Nord doivent-elles revenir chez elles? Dans l’après-midi, on apprend l’annulation du train entre Sderot et Ashkelon par peur de tirs. Ce n’est pas un très bon signe.

Finalement à minuit, on annonce que le cessez-le-feu a été prolongé pour vingt-quatre heures. Nouvelle routine. Quelques heures avant la fin d’un cessez-le-feu, compte à rebours. L’appréhension avant, le soulagement après.

Graffiti d'Adi Sened

Graffiti d’Adi Sened

43e jour – Optimisme du matin

43e jour – 19 août 2014. Idan, notre Golani a 20 ans. On parle d’un accord. On en connaîtrait même les modalités : levée par étapes du blocus, extension de la zone de pêche,  reconstruction. On ne parle plus du tout de démilitarisation de Gaza. C’est un mot nouveau en hébreu pour moi, פירוז, pirouz. Je pense à Pérouse, la ville italienne d’ailleurs jumelée à ma ville de naissance, Aix-en-Provence. Je pense à La Pérouse, le fameux explorateur et marin français disparu lors d’une expédition au XVIIIe siècle. Louis XVI juste avant de monter sur l’échafaud avait demandé : A-t-on des nouvelles de monsieur de La Pérouse ? 

Je pense à Fairouz, la chanteuse libanaise. Lina Mahloul, la finaliste de la saison 2 de The Voice Israël avait chanté Fairuz qui chante les Feuilles mortes… :

Mais, dans les accords qui, d’après les fausses rumeurs, se préparaient, pas de pirouz, pas de démilitarisation.

Mauvais signes dans l’après-midi

Dans l’après-midi, trois roquettes tirées sur Beer Sheva. Pas de blessés ni de dommages. C’en est fini du cessez-le-feu. Vont-ils de nouveau tirer des roquettes sur Tel Aviv ? me demande Sarah.  Très sûre de moi, je dis que non parce que ce serait grave et que ce serait vraiment mettre les pourparlers du Caire en danger. Naïve, je ne peux croire que le Hamas veut la reprise des hostilités alors que leur population civile souffre tant.

La guerre, le soir jusqu’à minuit

Il fait très chaud. Soudain, une énorme déflagration. Puis une autre et encore une autre. Pas de sirènes. Barrage de roquettes sur le Sud et le Centre d’Israël. Puis sur Jérusalem, sur Hebron. Ca ne s’arrête pas. Plus de cinquante roquettes tirées sur Israël avant la fin du cessez-le-feu.

Les tirs continuent jusqu’à minuit. Bizarre, à minuit, l’heure où le cessez-le-feu prenait fin officiellement, tout redevient calme. Enfin, chez nous. Pas dans le Sud.

Sur mon Tweeter, les annonces de tirs de roquettes se mélangent aux informations concernant le journaliste James Foley, otage de l’EI, décapité. Je pense à Daniel Pearl.

La violence et le mal, là, tout près.

 

Au moment où j’écris ces lignes, matin du 44e jour, les tirs de roquettes ont repris sur les localités frontalières, sur Ashkelon, sur Ashdod.

Israël : Du 36e au 41e jours – De trêve en trêve

 

 

     
Share