La Shoah censurée, la sorcière de Nancy

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Je suis très heureuse de retrouver Esther Orner dans mon Billet de l’Invitée. Elle a lu le livre de Catherine Pederzoli-Ventura & Simon Marty, La Shoah censurée, La sorcière de Nancy, Editions – Le bord de l’Eau.

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Je suis amie sur Facebook avec Catherine Pederzoli Ventura depuis septembre 2010. Je suis donc au courant de la fameuse « affaire » et pas seulement. Grâce à elle j’apprends les faits historiques de la déportation de la Deuxième guerre mondiale au jour le jour. Je peux donc apprécier le savoir pédagogique de Catherine. Et pourtant en lisant le livre qui relate ses démêlés avec l’Education nationale, sa suspension de l’enseignement de l’histoire car elle utiliserait trop fréquemment le mot Shoah dans son enseignement, j’ai l’impression que nous sommes au Moyen-Age. Ainsi le titre de la chronique de Guy Konopniki paru dans Marianne au moment de l’éclatement de l’affaire  La sorcière de Nancy est tout à fait adapté. D. merci,  Catherine n’a pas été brulée sur un bûcher mais « seulement » suspendue à cause de plaintes anonymes et après un procès, réintégrée dans un autre lycée que celui qui fut le sien.

Je croyais tout savoir sur le rejet de l’enseignement de la Shoah, en général dans les lycées de banlieues difficiles. J’apprends que le mot Shoah est un mot tabou. Il est vrai que jusqu’à la sortie du film de Claude Lanzmann, on utilisait les mots Holocauste, Catastrophe, Génocide. Et Lanzmann n’étant qu’un cinéaste et non pas un historien, il ne saurait être une référence pour l’Education nationale !

Si parler de la Shoah, mot hébreu, que ce soit dans une perspective plus large, sans sa spécificité et détachée du lieu  géographique. Catherine Ventura conteste cette manière de voir l’Histoire. Signalons que la Shoah n’est qu’une partie de son programme. Pour le reste elle est très bien notée par l’administration.

« La Shoah sortie de son contexte se retrouve dans une nomenclature thématique des diverses injustices et horreurs de 20 ème siècle (…) La destruction des  Juifs d’Europe pour reprendre l’expression de Raoul Hilberg, n’est pas un accident de l’histoire, mais une politique construite. Elle s’inscrit dans un enchaînement d’événements avant et après 1933 .(…) La Shoah détachée de l’histoire de France et de celle de l’Europe se réduit à un marqueur mémoriel des Juifs que l’on récusera au nom d’antagonismes communautaires. » Pages 60,61

A travers les entretiens menés par le journaliste Simon Marty  sur « l’affaire », se dessine un portrait passionnant de « la sorcière ». Anciens élèves et plus nouveaux parlent d’elle comme d’un professeur hors pair. Ils reconnaissent que lorsqu’ils participent au « voyage de la mémoire » en Pologne et à Prague, ils ont été bien préparés non seulement sur les camps d’extermination mais également sur ce que fut la vie juive dans l’Europe de l’Est.

Guy Konopniki intitule son introduction Le nouvel enseignement du mépris en référence à Jules Isaac. Espérons qu’il ne durera pas deux mille ans…

©Esther Orner -15/5/2015

     

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