J’apprends l’hébreu de Denis Lachaud lu par Esther Orner

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Dans le cadre de mon billet de l’Invité(e), Esther Orner nous livre sa lecture du J’apprends l’hébreu de Denis Lachaud. Une occasion pour moi, en ce 25 janvier, de souhaiter à Esther un excellent anniversaire!

 

 

Il y a un mois ou deux j’ai lu dans un journal, je ne me souviens plus lequel, un compte rendu sur un livre de Denis Lachaud J’apprends l’hébreu. J’ai été tout de suite intriguée et décidée à le lire. Apprendre l’hébreu, je l’ai appris, puis enseigné. Je m’attends à des révélations. Il faudra attendre. Soit commander le livre, soit l’acheter quand j’irai en France. Et ne voila-t-il pas qu’une amie devance mes désirs, elle me l’apporte avec un je te le prête. Lui en avais-je parlé ? Je ne crois pas. Dès les premières pages, je suis intriguée. Il s’agit d’un adolescent qui, à cause ou grâce au métier du père dans la finance, passe d’un pays à l’autre. Voilà la famille à Tel Aviv. Et curieusement ils s’installent à deux pas de chez moi rue Dov Hoz. Avec Fréderic, le jeune homme de 17 ans, j’arpente mon quartier et même au delà. Dans sa rue, on fait des travaux comme dans toute la ville. Il découvre que la ville est bâtie sur des sables, ce qui n’est pas pour le rassurer. Heureusement pour lui, surgit  de cet endroit une personne fort sympathique Benjamin. On apprendra que c’est Benjamin Zeev Hertzl, plus connu en tant que Théodore Hertzl. Ce Benjamin pour Fréderic est quelqu’un de vivant et non pas un personnage imaginaire comme nous serions tenté de le décrire.  Il faut le dire Fréderic est un peu spécial comme on dit en Belgique. Il apprend tout seul l’hébreu et pour lui une langue constitue un territoire. Il y trouve des racines, lui qui n’est pas juif. Je suis tentée de citer ce qu’il dit de l’hébreu mais je laisse au lecteur le bonheur de découvrir. Je suis aussi tentée de parler de ses rencontres avec ses voisines Madame Lev venue d’Allemagne juste pour échapper et de Madame Masri.  L’ashkénaze et la séfarade. Et là aussi je préfère ne rien révéler.

Dans la liste des livres de Lachaud, je découvre qu’il a écrit un premier roman J’apprends l’allemand. La langue que j’ai parlé en premier et que j’ai oubliée. Pas tout à fait. Parfois je me suis dit que je devrais tout de même l’apprendre ainsi que le yiddish que je baragouine. Je n’en ai rien fait. Heureusement je trouve le livre à la librairie du Foyer. Là aussi c’est une histoire d’identité et de territoire. Un jeune garçon Ernest né en France de parent allemand qui ont quitté l’Allemagne. Il ne ne parlent pas l’allemand avec leurs deux enfants et n’y retourneront plus jamais. Et pour cause, c’est lié au passé que nous tous aimerions oublier.

Il y a un lien fascinant entre  ces deux langues, entre ces deux territoires et ces deux identités. Une bonne dizaine d’années séparent la publication des deux livres. J’étais tellement intriguée par l’écrivain au regard à la fois extérieur et intérieur que lorsque j’ai terminé la lecture des deux livres, contrairement à mes principes de ne jamais lire la quat de couv, ça je l’ai respecté, je suis allée voir sur Google qui était Denis Lachaud. Et je me suis dit que je n’écrirais rien. Et bien non, il fallait que j’écrive malgré ces trois liens qui m’ont plu. Ils ne m’ont pas empêchée d’écrire ce billet.

©Esther Orner

Magazine Littéraire, le 3 octobre 2011 par Enrica Sartori.

Culturez-vous

Akadem – Rencontre avec Denis Lachaud  et Gilles Rozier animé par Anne Schuchman.

Denis Lachaud , J’apprends l’hébreu – Actes Sud – 2011

Denis  Lachaud, J’apprends l’allemand – Actes Sud -1998

     
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