Témoigner, Témoigner, encore et encore

Dans le cadre du Billet de l’Invitée, j’accueille Claire Luchetta-Rentchnik, une fidèle lectrice de Genève
Témoigner, Témoigner, encore et encore, témoigner, malgré les ans, malgré la fatigue, malgré la douleur qui chaque fois revient, malgré les larmes qui sourdent, les mots qui ne veulent pas sortir.
Témoigner pour eux. Eux, les miens, les autres, ceux qui sont restés là-bas, ceux qu’il ne faut jamais oublier, ceux à qui j’ai promis de rester vivant pour raconter, pour témoigner.
Témoigner parce que certains clament que ce n’est pas vrai, que ça n’a pas existé, que nous racontons des mensonges, pire : que nous mentons pour de l’argent !
Témoigner pour vaincre la peur qui réveille, les cauchemars résurgents, les cris dans la nuit.
Témoigner pour comprendre les chiffres sur mon bras,
Témoigner pour dire que nous étions des femmes, des hommes, des enfants comme vous, comme les vôtres, comme vos parents, vos voisins, ceux que vous aimez ou que vous n’aimez pas; pour dire que nous voulions, que nous devions comme vous rire, pleurer, sourire, aimer, apprendre, travailler, jouer, vivre, VIVRE….
Témoigner pour expliquer que les bourreaux n’étaient pas des monstres, mais des hommes et des femmes aux actes monstrueux !
Témoigner pour rappeler qu’il y avait quatre attitudes : les victimes, les bourreaux, les témoins indifférents et les Justes. Les Justes qui ont risqué et parfois donné leur vie pour sauver quelques-uns d’entre-nous, témoigner pour les remercier.
Témoigner pour que vous qui avez dans vos mains le monde qui vient sachiez quelle attitude choisir, que vous sachiez que la discrimination peut commencer dans la cour de récréation, que les « blagues-pour-rire » derrière votre écran peuvent mener à Auschwitz.
Témoigner car « cela fût »…..
©Claire Luchetta-Rentchnik, Genève
La photo provient de la page Facebook de Zikaron BaSalon, Mémoire au salon