Le quartier de Florentine, Caroline Rozenholc

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Le quartier de Florentine, un ailleurs dans la ville, de Caroline Rozenholc, dessins de Patrick Céleste, Créaphis, « Lieux habités », 240 p.

Ce livre en français sur Florentine, un quartier très populaire de Tel Aviv m’a séduite. Parce que j’aime Tel Aviv, j’aime y marcher, j’aime connaître son histoire et observer la façon dont elle change. Le livre retrace l’histoire de ce quartier situé entre Jaffa et Tel Aviv, pris entre la ville juive et la ville arabe. L’auteur, à partir de ce quartier, se propose de « relire l’histoire de la ville et d’en observer les dernières évolutions. »

Florentine, tout en faisant partie de Tel Aviv s’en différencie et ces caractéristiques permettent de comprendre le quartier mais aussi de mieux appréhender la nature de Tel Aviv : Florentine, un quartier pour penser la ville est le nom de la première partie du livre.

Grâce au travail de Caroline Rozenholc, on découvre le « quartier de loisirs et de bohème », mais aussi « le quartier industriel et industrieux, le quartier ouvrier et de relégation sociale. »

On y apprend que : « Construit en façades continues dans une ville planifiée en blocs d’habitation séparées, Florentine se distingue du reste de Tel Aviv par son aspect, par son parcellaire et par son ambiance. » et que les ilots (100 à 300 mètres) sont jusqu’à cinq fois plus étroits que dans le reste de la ville (500 mètres).

Un quartier comme toute la ville d’ailleurs qui « a été façonné par les vagues d’immigration successives. » A Florentine, on retrouve des traces de Thessalonique, d’Istanbul, des Balkans ou de Perse.

Une exploration historique du quartier : « Abandonné dans les années 80, massivement réinvesti par les travailleurs immigrés dans les années 90, puis au tournant des années 2000 par tout un pan de la jeunesse israélienne » mais c’est surtout une étude sur les processus d’urbanisation, un quartier comme « front et frontière », un « entre-deux », sur des concepts comme  « Authenticité et exotisme », « Exotisme et méditerranéité » qui au-delà de l’approche scientifique met les gens qui l’habitent au centre de la reflexion.

A remarquer aussi les dessins de Patrick Celeste qui en quelques traits de crayon donne vie à Florentine.

Après cette lecture, je n’ai qu’une envie : reprendre mes déambulations citadines d’En marchant, en écrivant à Florentine !

 

La série Florentine entre 1997 et 2001 a beaucoup participé à rendre ce quartier populaire surtout parmi les jeunes de l’époque :

Florentine, « grande gueule », « séduisante », « généreuse » mais « dangereuse » comme le chantait Ehud Banai en 1992

La présentation de l’éditeur :

Entre géographie urbaine, architecture et sociologie de l’habitat, voici une lecture inédite de Tel-Aviv. Le livre parcourt l’histoire spatiale, sociale et politique de cette ville « globale » de la Méditerranée orientale, reconnue pour son patrimoine architectural (Bauhaus) et la modernité de son plan d’urbanisme dessiné par Patrick Geddes en 1925. Ce récit de ville est porté par l’étude géographique d’un ancien quartier juif de Jaffa, Florentine, où ont afflué, dès les années 1920, des migrants juifs de Salonique, puis de tout le pourtour méditerranéen et enfin d’Iran et d’ex-URSS et, plus récemment, des travailleurs d’Afrique, d’Europe et d’Asie. Longtemps abandonné des services publics, le quartier reste défavorisé, malgré sa centralité et d’importantes transformations depuis les années 2000. L’enquête articule des enjeux locaux, nationaux et internationaux. Comment comprendre, à partir de cet exemple singulier mais emblématique, la quête toujours plus forte de lieux et d’espaces d’identification ? Comment décrire la manière dont se nouent le local et le global ? Comment penser la place du quartier comme un « ailleurs » dans la ville ? La déambulation graphique de Patrick Céleste – dessins d’analyse et croquis d’ambiance – offre un complément original et sensible.

     
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