En marchant, en écrivant : D’une galerie à l’autre

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A propos du projet Tel Aviv, en marchant, en écrivant

1er novembre et toujours en sandales. Direction la galerie Sommer sur le boulevard Rothschild.

Je passe par le Kerem Hateimanim, le Vignoble des Yéménites, m’extasie sur la vigueur et la couleur d’une bougainvillée (ou d’un bougainviller) du nom d’un marquis, si je ne m’abuse. J’adore cet arbuste. Je veux bifurquer dans la rue Carmel, la rue principale du marché du même nom mais je suis horrifiée par la foule du vendredi, je me faufile donc dans la rue Shefer, tourne à gauche et je me retrouve dans la rue Kalisher devant le CCA, le Centre d’Art Contemporain à l’architecture très urbaine. J’y étais la semaine dernière avec Sarah.

Une très belle exposition, Contre le temps, de l’artiste Ori Gersht. Une vidéo de l’habillage méticuleux d’un matador. Une installation avec des vidéos d’enfants qui jouent à une variante du jeu de la barbichette, le premier qui rira…

Et Will you dance with me?, « Danserez-vous avec moi? », d’un côté un paysage enneigé, de l’autre un gros-plan très serré, sans concessions, presque un masque mortuaire du visage ridée et souffrant de la danseuse Yehudit Arnon, fondatrice de la Kibbutz Contemporary Dance Company. Elle ne bouge presque pas, un imperceptible mouvement de ses paupières, un léger haussement des sourcils, une élongation du cou deviennent une danse, intense. On entend de temps en temps les éclats de rire des enfants de l’installation d’à-côté. Elle se tait, et parle d’Auschwitz où elle a refusé de danser pour un officier nazi. Elle a eu la vie sauve, elle a seulement du rester quelques heures les pieds dans la neige. Et là, elle s’est fait la promesse que si elle survivait, elle consacrerait sa vie à la danse. Toute l’exposition est dédiée à la danseuse qui est morte peu avant l’ouverture.

La rue Kalisher retrouve peu à peu l’éclat qu’elle devait avoir à ses débuts. Une maison à tourelles qui porte mon nom Beit Rahel, construite par Shmuel Nathan Wilson. Un entrepreneur qui compte à son palmarès plus de deux cents maisons de style éclectique des débuts de Tel Aviv. Il est aussi à l’origine de la construction de la grande synagogue rue Allenby et de l’hôtel Genosar au coin d’Allenby et de Rothschild, là où se trouve la start-up BillGuard où travaille Dan. Un grand amateur de tourelles, semble-t-il.

Plus loin, au numéro 15, une autre maison vient de retrouver son lustre d’antan et une jolie couleur bleu pastel. Les fenêtres ont des allures Horta revue à la sauce juive avec une belle étoile de David. Et puis, la Tour Shalom.

Je passe sous la tour, tourne dans le boulevard Rothschild et me retrouve devant le magnifique bâtiment de la Galerie Sommer  au 13 boulevard Rothschild où j’ai rendez-vous avec Sarah. Une exposition de Gregor Hildebrandt. Sarah m’explique qu’il a utilisé les bandes du film « Le voleur de bicyclette » de Vittorio De Sica pour réaliser son installation. Je m’étonne de la coïncidence. Cette semaine, le vélo de Sarah a été graduellement dépecé, d’abord, on lui a volé ses deux roues, et le jour d’après sa selle. Il lui faudra prendre le temps de marcher.

 

photo 1

Un bougainviller, une bougainvillée

La maison à tourelles de la rue Kalisher

La maison à tourelles de la rue Kalisher

L'étoile de David sur la rue Kalisher

L’étoile de David sur la rue Kalisher 

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Tel Aviv, En marchant, en écrivant: Marche n°6

Seule puis avec Sarah

Distance parcourue: 1 kilomètre 200

Date: 28 Heshvan 5774/1 novembre  2013

 

photo (20)

 

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