La Synagogue, un poème de Guillaume Apollinaire

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La Synagogue est un poème de Guillaume Apollinaire qui évoque Souccot. Il fait partie des Rhénanes dans Alcools, 1913

La Synagogue

Ottomar Scholem et Abraham Lœweren
Coiffés de feutres verts le matin du sabbat
Vont à la synagogue en longeant le Rhin
Et les coteaux où les vignes rougissent là-bas
Ils se disputent et crient des choses qu’on ose à peine traduire
Bâtard conçu pendant les règles ou Que le diable entre dans ton père
Le vieux Rhin soulève sa face ruisselante et se détourne pour sourire
Ottomar Scholem et Abraham Lœweren sont en colère
Parce que pendant le sabbat on ne doit pas fumer
Tandis que les chrétiens passent avec des cigares allumés
Et parce qu’Ottomar et Abraham aiment tous deux
Lia aux yeux de brebis et dont le ventre avance un peu
Pourtant tout à l’heure dans la synagogue l’un après l’autre
Ils baiseront la Thora en soulevant leur beau chapeau
Parmi les feuillards de la fête des cabanes
Ottomar en chantant sourira à Abraham
Ils déchanteront sans mesure et les voix graves des hommes
Feront gémir un Léviathan au fond du Rhin comme une voix d’automne
Et dans la synagogue pleine de chapeaux on agitera les loulabim
Hanoten ne Kamoth bagoim tholahoth baleoumim

Hanoten ne Kamoth bagoim tholahoth baleoumim, le dernier vers en hébreu vient du Psaume 149, verset 7 : « Pour faire vengeance sur les nations et châtiments sur les peuples. »

לַעֲשׂוֹת נְקָמָה, בַּגּוֹיִם תּוֹכֵחוֹת, בַּלְאֻמִּים

Et un Hommage à Apollinaire de Marc Chagall, aussi de 1913

     
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