Fenêtres de Jérusalem

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Ilana Weiler est une amie que j’ai rencontrée ma première année à Jérusalem en 1977. Nous nous sommes perdues de vue puis retrouvées sur Facebook sans nous revoir. J’aime ces billets, ses photos et je me dis qu’un jour j’apprendrais sa méthode. Elle forme à l’EFT, appelée aussi »Technique de liberté émotionnelle » qui permet de gérer des émotions négatives comme la peur, l’angoisse, la colère et aussi le stress post-traumatique en pratiquant des tapotements sur des points situés sur les méridiens.

Depuis le début de la crise du Corona, Ilana publie des photos de fenêtres de Baka, son quartier au sud de Jérusalem. Celles de sa maison et celles qu’elles voient de chez elle. J’en ai choisi sept. Même si notre périmètre se rétrécit, la poésie et l’invitation au rêve restent. Il suffit de bien regarder et de laisser libre cours à son imagination. Et comme l’écris Ilana : כל חלון הוא הזמנה לסיפור אחר  !

Je me suis souvenue de ce poème de Charles Baudelaire :

Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n’est pas d’objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu’une fenêtre éclairée d’une chandelle. Ce qu’on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.

Par-delà des vagues de toits, j’aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j’ai refait l’histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant.

Si c’eût été un pauvre vieux homme, j’aurais refait la sienne tout aussi aisément.

Et je me couche, fier d’avoir vécu et souffert dans d’autres que moi-même.

Peut-être me direz-vous : « Es-tu sûr que cette légende soit la vraie ? » Qu’importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m’a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis ?

Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose, 1869.

L’une des photos n’a pas été prise à Jérusalem, à vous de deviner laquelle !

 

 

 

 

 

 

Sur le ballon est écrite en hébreu le mot אהבה amour

 

     
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