Bird in the room, un documentaire sur la poétesse israélienne Tirtsa Atar

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La chronique cinéma israélien de Brigitte C.  

Tirtsa Atar – Bird in the room  (Tsipor beHeder) תרצה אתר – ציפור בחדר–  

Film documentaire d’Ari Davidovich 2015, 60 minutes

Prix du Jury au Festival de Haïfa  2015

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Le film s’ouvre sur une vue panoramique de Tel Aviv, blanche, blanche sous le ciel d’un bleu cobalt aux nuages bleuâtres avec la mer qui s’y confond. C’est l’image de l’Olympe.  L’image suivante est celle en noir et blanc de Nathan Alterman,  poète et publiciste, père de Tirtsa, sa fille unique, et sur l’image, une phrase : Nathan Alterman dans sa poésie nous a appris à mourir. Entre ses deux extrêmes, la vie de Tirtsa,  traductrice, poétesse, chansonnière, écrivain pour enfants. En Israël, pas un enfant qui ne connaisse au moins un de ses livres, pas une personne, toutes générations confondues, qui ne puisse chanter au moins une de ses chansons ou poèmes mis en musique par les plus grands compositeurs (Yoni Rechter, Sacha Argov, Mati Caspi) et interprétés par les plus  grands : Arik Einstein,  Yehudit Ravitz, Hava Alberstein, Shlomo Artsi œuvres reprises et régulièrement réinterprétées, qui font tellement partie de l’héritage culturel que souvent on ignore que c’est Tirtsa Atar qui les a écrites.   

Elle est née le 27 janvier 1941 et morte le 7 septembre 1977,  d’une mort non élucidée. Elle avait 36 ans.  Elle était menue, fragile, belle et douée esquisse Oded Kotler, son premier mari, dans son témoignage.   

Lumineuse comme dans la chanson  ‘Shabat Baboker, Yom Yafe …(shabat matin, une belle journée…)  ou dans les histoires inventées pour ses enfants,  et  perdue, atteinte de mélancolie, comme dans le poème prémonitoire, Balade pour une femme :
Même les livres dans la chambre, fermée et triste, le savaient –                            

Elle ne va pas bien, elle s’en va sans retour.

Les lys sauvages fleurissent encore au loin dans la vallée

Mais malgré tout, tout est fini.

Tel Aviv était  pour Tirtsa, une matrice, un jardin, le seul endroit au monde où elle pouvait vivre. Sa mère Rachel Marcus, était une actrice célèbre au Théâtre national  ‘Habima’.  Nathan Alterman, son père qu’elle adorait, décédé en 1970 à l’âge de soixante ans,  fut tout au long de sa vie, son ange gardien et l’ombre qui pesa sur elle. Poète comme lui, elle a une voix bien à elle, une langue féminine, évocatrice et dépouillée.

Le 7 septembre 1977 tôt le matin elle est tombée de la fenêtre de son appartement. Suicide ou accident, le mystère reste entier. Elle laissait un mari et deux enfants.

Tirtsa Atar est un diamant noir qui hante la culture israélienne. Au cours des années, plusieurs spectacles l’ont fait revivre dont celui de son fils, Nathan Slor, musicien, qui  chante avec talent le répertoire vibrant de sa mère.

Voir ce film sobre, juste, c’est aussi découvrir  à travers  leurs témoignages certains des acteurs principaux de la vie  culturelle d’Israël.  On en sort ému et enrichi.

Pour la retenir encore un peu, je voudrais citer deux noms de compositeurs qui ont mis en musique plusieurs de ses poèmes : Yaacov Hollander et Alona Tourel.

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Tirza Atar et son père Nathan Alterman Photo : Rotem Yaron

     
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