Histoires d’Esther, Genèse et évolution des Purimshpiln, Nathan Weinstock

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Nathan Weinstock m’a fait parvenir son livre et je l’en remercie:

Histoires d’Esther, Genèse et évolution des Purimshpiln : La tradition carnavalesque dans la culture populaire juive, 2022, Les éditions Metropolis

et j’ai terminé de le lire aujourd’hui. Parfait timing puisque nous sommes en plein jeûne d’Esther.

C’est un ouvrage érudit, très documenté tout en étant très agréable à la lecture.

Dans un premier temps, Nathan Weinstock passe en revue tous les textes qui se réfèrent à la Meguillah, de la Bible – la Meguillah aurait été adoptée dans le canon biblique au cours du IIe siècle avant notre ère bien qu’il semble qu’elle ait été rédigée au IVe siècle avant notre ère – au Troisième Livre des Maccabées sans négliger les interprétations midrashiques du Livre d’Esther. La Meguillah a d’ailleurs tout un traité du Talmud à son nom. Etonnant pour un texte où ne figure pas le nom de Dieu.

Puis Nathan Weinstock s’intéresse aux origines du Purimshpil, jeux de Pourim, première forme connue du théâtre yiddish. la première mention de cette tradition comique juive remonte à 1555. Un genre qui a ses racines dans la tradition théâtrale carnavalesque, dans des comédies burlesques médiévales.

Le jeu d’inversion des faibles et des puissants a donné lieu à des formes carnavalesques qui se sont perpétuées dans la littérature yiddish jusqu’au XXème siècle. Nathan Weinstock analyse et donne des extraits des satires en yiddish comme Le Jeu d’Assuérus (1697) et plus près de nous en 1936 La Meguillah d’Esther d’Itzik Manger, particulièrement « irrespectueuse et décapante » et en 1940 La défaite d’Haman de Haïm Sloves.

L’histoire biblique d’Esther symbolise donc, à travers ses différentes versions, l’espoir de la Rédemption et d’une victoire finale des faibles sur les puissants.

Grâce à ce livre,  j’ai aussi découvert que Darius Milhaud avait écrit un opéra-bouffe Esther de Carpentras d’après une pièce d’Armand Lunel, ce qui a ravi ma fibre aixoise !

Nathan Weinstock

membre du comité scientifique et du conseil d’administration de l’Institut d’Etudes Juives (auprès de l’Université Libre de Bruxelles), a déjà publié à propos des traditions inspirées de l’histoire d’Esther « Se rire du destin », traduction commentée du « Jeu d’Assuérus » (1697), le premier des Purimshpiln, et « Le Livre d’Esther dans la tradition occitane judéo-comtadine ». Il s’est également spécialisé dans la traduction d’écrits de mémorialistes de langue yiddish, tels que le journal du ghetto de Hillel Seidman (« Du Fond de l’abîme », Ed. Plon, Paris, 1998), et il est l’auteur d’une histoire du mouvement ouvrier juif européen, considérée comme un ouvrage de référence en la matière (« Le Pain de misère », 3 vol., Ed. La Découverte, Paris, 1984-86).

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