Une vie avec Proust, une conversation entre Helit Yeshurun et Roselyne Déry autour d’une tasse de thé

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« Une vie avec Proust »
Une conversation en français entre Helit Yeshurun et Roselyne Déry

Le vendredi 18 novembre 1922, 11h00
Auditorium de l’Institut français de Tel Aviv | 7 bd. Rothschild

Le 18 novembre 1922, Marcel Proust décède à Paris. En écho aux célébrations nationales, et à l’occasion de la publication en hébreu de La prisonnière aux éditions Hakibbutz Hameuhad, l’Institut français d’Israël organise une délicieuse conversation en français entre la traductrice de l’œuvre proustienne en hébreu, Helit Yeshurun, et Roselyne Déry, ex-attachée pour le livre à l’Institut français d’Israël.

Au programme : lecture d’extraits tirés de La Recherche.

Une dégustation du « thé proustien » spécialement conçu par la maison Palais des thés pour cet anniversaire, accompagné des succulentes madeleines de Maison Kayser viendra conclure cette rencontre.

A propos de Helit Yeshurun
Diplômée de l’Université Hébraïque de Jérusalem en Etudes de civilisation française et littérature, Helit
Yeshurun est traductrice du français vers l’hébreu et a traduit en particulier bon nombre d’ouvrages de
Marcel Proust comme A la recherche du temps perdu (1991), Du côté de chez Swann (1993), A l’ombre
des jeunes filles en fleurs (2002), Le temps retrouvé (2012), publiés chez Hakibbutz Hameuchad, Tel
Aviv. Helit Yeshurun a également été décorée des insignes de Chevalier dans l’ordre des Arts et des
Lettres pour sa contribution à la diffusion de la littérature française en Israël.

 

« Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, je me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse : ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l’appréhender ? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi. Il l’y a éveillée, mais ne la connaît pas, et ne peut que répéter indéfiniment, avec de moins en moins de force, ce même témoignage que je ne sais pas interpréter et que je veux au moins pouvoir lui redemander et retrouver intact à ma disposition, tout à l’heure, pour un éclaircissement décisif. Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de trouver la vérité. Mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois que l’esprit se sent dépassé par lui-même ; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher ? pas seulement : créer. Il est en face de quelque chose qui n’est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière. »

Le Temps retrouvé bio qui sera proposé à la dégustation est un subtil mélange de thé noir du Yunnan (Chine) avec des notes miellées et boisées, associé à du thé vert torréfié Bancha Hojicha (Japon), très gourmand grâce à ses notes torréfiées. Ce thé est inspiré du célèbre épisode littéraire d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust, lorsque l’auteur est immédiatement transporté dans son passé en buvant une gorgée de thé, qui se mélange avec un morceau de gâteau. Savourez le nouveau thé pour l’après-midi qui s’accorde parfaitement avec une collation sucrée.

 

Informations pratiques
« Une vie avec Proust »
Le vendredi 18 novembre 2022 à 11h00
Auditorium de l’Institut français de Tel Aviv | Rothschild 7
Conversation en français
Entrée libre
Inscription obligatoire par email sur accueilifta@ambfr-il.org
En collaboration avec la Librairie du Foyer

     

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