Comment dit-on glace en hébreu ?

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Nous retrouvons mon ami le Docteur Alain Horowitz qui après le vin et la musique israélienne nous parle de glace en hébreu !

En Hébreu, glida, גלידה. Ce mot est un relativement nouvel arrivant, puisqu’il fait partie du vocabulaire inventé par Eliezer Ben Yehuda à la fin du 19ème. Ben Yehuda chercha un mot qui rappellerait le mot gelato en italien, et trouva la racine hébraïque gld dans la Bible, qui signifie « tout ce qui a coagulé ou a été figé »,  assez approprié pour de laglace.

Ceci fait, il envoya comme à son habitude ses enfants répandre le nouveau mot de la semaine dans les ruelles de Jérusalem. Glida, gelida, gelato, bien joué Eliezer !

Mais là où les choses se corsent un peu, ce sera pour acheter ou commander un bâtonnet de glace. Il est vrai qu’on pourra toujours dire “une glace vanille-chocolat-noisettes” ou alors “melon-pêche”,  glidat melon-afarsek bevakacha et on nous comprendra. 

Que dire donc en 2021 ? Deux noms collectifs pour tous les types de bâtonnets glacés et pour dire à peu près la même chose: Kirhon, קירחון qui a le désavantage de signifier pas mal d’autres choses, comme par exemple un glacier, un iceberg ou tout simplement un glaçon surgelé réutilisable. Cela fait un peu désordre.

Le second, shilgon passe mieux. shilgon שלגון de sheleg, le mot hébreu pour neige. Ce sera probablement également le mot figurant sur l’emballage, et sera compris de tous, petits et grands. Il convient aux crèmes glacées tout comme aux glaces aux fruits glacés, halavi, à base de produits laitiers, ou parve, neutre.

 

Mais les termes les plus utilisés en Israël sont ceux d’anciens noms commerciaux.

Exemple, l’esquimau. Tout comme en France où Gervais a commercialisé son esquimau dans les années trente, qui était halavi, c.a.d. une crème glacée, en Israël par contre, Strauss a sorti son esquimau en parve, aux extraits de fruits, à ce point populaire qu’il a donné son nom à un film à succès Esquimau Lemon qui a vu sortir trois épisodes supplémentaires. Jeunesse, plage, musique, danse, drague et intrigues, tout les ingrédients des films pour ados.

        

Les Israéliens ont grandi sur cet esquimau citronné, même s’il ne contenait peu ou pas de fruit, mais plutôt des colorants alimentaires, arômes artificiels et autres additifs.

Autre nom commercial devenu générique, le Kartiv. Kar signifie froid, le kartiv, קרטיב est devenu en Israël synonyme de bâtonnet glacé fruité lui aussi.

 

Et puis surtout, l’Artic, ארטיק. Encore un nom commercial devenu nom commun et régnant sur le vocabulaire de nos petites sorties. Artique ? Non non, plutôt belge. Une famille belge ayant émigré en Israël a démarré dans la production de bâtonnets glacés en 1951 et vendu ses Artic jusqu’en 1971, année où l’usine a fermé ses portes. La concurrence de Strauss, et  l’abus d’additifs chimiques ont scellé son sort. Mais malgré sa disparition du marché, le nom est resté et est toujours dans toutes les bouches.

Petit dernier, le Tilon, טילון petit missile, tout comme la fusée en France, désigne uniquement les glaces sur bâtonnet évoquant plutôt un armement balistique.

Au final, que demanderons nous au vendeur ? J’opterais sans hésiter pour l’Artic, même si Shilgon, Tilon, Kartiv ou esquimau sont également monnaie courante.

Le plus important, c’est de commander et de déguster avec le sourire, et de bien choisir avec qui partager ce petit moment de bonheur.

 

N.B. les législateurs du Groenland et du Danemark poursuivent ces dernières années en justice toutes les firmes de par le monde qui commercialisent encore des glaces sous le nom Esquimau, sous prétexte de langage teinté de racisme.

©Docteur Alain Horowitz

     
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