Béatrice Courraud, La Mésenfance

Share

Une note de lecture d’Esther Orner

La Mésenfance

Béatrice Courraud –  Ed La Lucarne des Ecrivains*

Il est rare par ces temps « difficiles » de trouver un livre qui vous attend dans votre boite aux lettres et découvrir un objet de toute beauté. Sur la couverture un dessin-crayon de Anne Goruben intitulé La mort, la mer, l’enfant. Je feuillette des photos de la photographe roumaine Tatiane Bitir. Un beau papier épais. 

Je tape le titre, mon correcteur me signale une erreur. Je vais voir – Aucune suggestion.  Le mot n’est pas non plus dans mon Petit Robert en ligne. Armel Louis l’éditeur  donne la définition suivante aux quatre récits que je vais bientôt découvrir  « …une enfance tordue ou plutôt une absence d’enfance hésitant entre mésestime et méfait des origines juives oscillant, pour l’auteure comme pour sa famille, entre malchance et malédiction. »

Quatre récits  par Béatrice Courraud qui n’est pas à son premier essai. Des récits écrits au cours de nombreuses années réunis ici et qui nous interrogent Joseph, l’enfant machinel’Idiote, L’homme au chapeau et Avant la fin.

Des récits énigmatiques comme dans toute bonne littérature. Ce qui sous-tend  ces récits à la fois surréalistes et très réalistes, c’est l’histoire avec « sa grande hache.» Pourtant seules quelques phrases le disent et sans détours. « Des cadavres l’avaient précédés sur sa route. Ceux qu’il n’avaient jamais vus, il en avait entendu parler. Des corps, on disait qu’ils brûlaient. Comment brûle un corps, était la question qu’il se posait. L’autre question : comment brûle-t-on un corps ? Il ne se l’était jamais posée. Un corps brûle. Ça brûle. On ne le brûle pas. Un corps, ça brûle tout seul. Quelques membres de la famille avaient ainsi disparu. On disait qu’ils avaient été exterminés. Exterminés. Quel drôle de mot. Le petit survivant avait son mausolée, on  accourait pour le voir, on lui faisait des prières. Joseph se laissait emporter. Etre survivant n’est-ce pas porter le deuil de ceux qui sont morts pour rien ? Etre survivant n’est-ce pas porter la mort des morts pour rien afin qu’ils vous survivent ? Joseph était celui qui devait la vie à ceux que la vie avait abandonnés »  page 29 -30

Les parents sont épargnés, aucune critique envers eux, ils font ce qu’ils peuvent pour protéger l’enfance abîmée par la catastrophe qui n’a fait aucun cadeau et continue son cheminement.

 ©Esther Orner

* La Lucarne des Ecrivains est également une librairie parisienne 

 La Lucarne des Ecrivains : 115, rue de l’Ourcq 75019 PARIS

Samedi 23 janvier 2021 à 15h00 présentation et dédicace de « La mėsenfance » par Béatrice Courraud
à La Lucarne des Ecrivains
115, rue de l’Ourcq 75019 Paris
Métro Crimėe – tél : 06 88 23 52 45 
     
Share