L’échelle de Jacob, Louise GLück, Prix Nobel de Littérature 2020

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Louise Glück, poétesse américaine d’origine juive hongroise, a reçu le Prix Nobel de Littérature 2020. 
L’ÉCHELLE DE JACOB
Piégé dans la terre,
ne souhaiterais-tu pas, toi aussi, aller
au paradis ? Je vis
dans le jardin d’une dame. Pardonnez-moi, madame,
si rêver m’a ravi. Je
ne suis pas ce que vous vouliez. Mais
tout comme hommes et femmes semblent
se désirer les uns les autres, je désire moi aussi
la connaissance du paradis – et maintenant
ton chagrin, une tige nue
élancée vers la fenêtre du porche.
Et à la fin, quoi donc ? Une petite fleur bleue
comme une étoile. Ne jamais
quitter le monde ! N’est-ce pas
ce que tes larmes signifient ?
Et aussi L’Iris sauvage qui a donné son nom à son recueil de poésie qui lui a valu le Prix Pulitzer en 1993 :
L’IRIS SAUVAGE
Au bout de ma douleur
il y avait une porte.
Écoute-moi bien : ce que tu appelles la mort,
je m’en souviens.
En haut, des bruits, le bruissement des branches de pin.
Puis plus rien. Le soleil pâle
vacilla sur la surface sèche.
C’est une chose terrible que de survivre
comme conscience
enterrée dans la terre sombre.
Puis ce fut terminé : ce que tu crains, être
une âme et incapable
de parler prenant brutalement fin, la terre raide
pliant un peu. Et ce que je crus être
des oiseaux sautillant dans les petits arbustes.
Toi qui ne te souviens pas
du passage depuis l’autre monde
je te dis que je pouvais de nouveau parler : tout ce qui
revient de l’oubli revient
pour trouver une voix :
du centre de ma vie surgit
une grande fontaine, ombres
bleu foncé sur eau marine azurée.
Louise Glück, The Wild Iris. New York : Ecco Press, 1992 traduit par Marie Olivier

Pour en savoir plus et lire d’autres poèmes de Louise Glück, consulter cairn.info

     
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