Israël sur sa terre, ce qu’en disent les Palestiniens, Jacquot Grunewald

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Le rabbin Jacquot Grunewald a écrit un nouveau livre intitulé « Israël sur sa terre – ce qu’en disent les Palestiniens ». Il retrace la vie des Juifs en Érets-Israël que l’occupant romain a affublé du nom de « Palestine » ; comment ils ont résisté et développé leur savoir. Il rappelle qu’à l’instar et à la suite des Prophètes bibliques, les Juifs n’ont cessé de proclamer que leur terre était inaliénable, si bien que l’aliya a commencé des siècles avant que le sionisme ne prenne le relais. A l’opposé du récit que les Palestiniens font de leur tradition religieuse et de leur présence en Palestine. Ce « narratif », dont il rapporte les éléments les plus saillants, est à l’origine des refus qu’ils ont opposés à tous les plans de paix qui leur ont été proposés. Il reste aujourd’hui le principal obstacle à une solution du conflit. Alors, précisément, que la moitié des Arabes israéliens, qui forment 20% de la population israélienne, souhaite s’intégrer à la société israélienne et saurait… conter Israël, le véritable Israël, aux Palestiniens. 

Ce livre de 225 pages paraît sur Amazon com. ou Amazon fr. en version papier ou numérique. Vous pourrez y lire gratuitement les premières pages. 

 

Jacquot Grunewald m’a permis de publier un extrait :

Entre Proust et Heine

A « l’édifice immense du souvenir » porté par la saveur d’une madeleine dont les miettes s’amollissaient dans une cuillère de thé, un « dimanche matin », après l’heure de la messe, je prends la liberté d’associer un autre mets, servi le chabat matin, après l’office à la synagogue. Sans prétention esthétique, de couleur incertaine et pas sensuel pour un sou, cet épais brouet ne pouvait tenter les longues et délicates descriptions de Proust. On l’appelle le schalet. A la saveur du schalet (prononcez chaleutt), ce « plat divin dont le Bon Dieu lui‑même, enseigna naguère la recette à Moïse », Heinrich Heine entendait l’appel de « la princesse Chabat, épouse d’Israël », qu’accompagnaient le « murmure du Jourdain »… puis le bruit des fontaines « dans la vallée de Beth‑El ». Et « les cloches des troupeaux gras descendant les pentes du Guilead« . Ni le sionisme (je parle du mot) ni bien sûr le Mouvement sioniste n’existaient encore. Mais à l’encontre de Proust, qui, lui, l’avait enfoui au fond de lui‑même… provisoirement, Heine, à coup sûr, en aurait ressenti sur l’heure la « suprême nécessité ». Proust ne sera pas le seul à ne pas entendre le « tonnerre allemand », annoncé par Heine en 1834, un siècle avant qu’un vent mauvais ne le porte. Parce qu’ « il n’est pas très leste et vient en roulant un peu lentement », écrivait‑il. « Mais il viendra, et quand vous entendrez un craquement comme jamais craquement ne s’est fait encore entendre dans l’histoire du monde, sachez que le tonnerre allemand aura enfin touché le but »

Né juif, Heine s’était converti, discrètement, au… domicile d’un pasteur luthérien, pour avoir son « ticket d’entrée dans la culture européenne », mais aussi parce qu’il croyait à l’émancipation des Juifs, à cet homme nouveau, pagano‑judéo‑chrétien, qui saurait peupler l’Europe et la sauver. C’est la bonne nouvelle que devait proclamer son roman, Le Rabbi de Bacharach (prononcez: Bakharakh), bâti sur une accusation de crime rituel dans cette ville allemande en 1287. Il voulait en faire une grande œuvre sur l’histoire des Juifs en Europe, qui annoncerait la fin de l’antisémitisme. Comme Proust, plus tard, qui écrira Jean Santeuil pour défendre le Capitaine mais n’achèvera pas son livre, Heine ne finit pas Le Rabbi de Bacharach. Mais, lui, le publia! Dix ans après avoir laissé le manuscrit enfoui dans un tiroir. Il le publia tel quel, sans le terminer, au beau milieu d’une phrase… Heine s’était exilé à Paris. Il y était reçu en grande amitié. Quand éclata l’Affaire de Damas, l’accusation d’un crime rituel en 1840 (1840 !) et que ses amis chrétiens refusaient de combattre cette abjection, parce qu’après tout, n’est-ce pas, des crimes rituels chez les Juifs, n’est‑ce‑pas, ce n’était pas impossible, n’est‑ce pas… l’espoir de Heine en l’homme nouveau croula. Son livre ne sera pas achevé… Il le voulait estropié alors que son rêve se brisait.

©Jacquot Grunewald

 

     
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