Mr Gaga, sur les pas d’Ohad Naharin

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Nous retrouvons avec plaisir notre chroniqueuse cinéma israélien  Brigitte C. à propos de MISTER GAGA, sur les pas d’Ohad Naharin un film documentaire de Tomer Heymann et comme elle, je suis enthousiaste !

MR GAGA

Mister Gaga film documentaire de Tomer Heyman Israël  2015     70 minutes
Mister Gaga, parce que Ohad Naharin,  personnage et sujet du film, a inventé un langage qu’il a appelé GAGA, deux syllabes ludiques et enfantines, un langage corporel universel, une façon d’être à son corps, dans son corps, pour ses danseurs aussi bien que pour le commun des mortels parce que « il n’y a personne qui ne soit capable d’éprouver du plaisir à mouvoir ses membres ». Et aussi pour le clin d’œil à Lady Gaga. Parce que  Ohad Naharin, chorégraphe israélien à la renommée internationale, « a parfois fait de la danse moderne une féérie rock » comme le dit Yaïr Raveh dans le blog israélien Cinémascope.
Tomer Heymann,  admirateur averti, a mis huit ans à composer son film dont la fin reste ouverte. Le résultat est une série de très courtes entrevues avec Naharin et certains de ses danseurs, d’extraits de films amateurs (Naharin enfant au kibbutz, à l’armée, avec ses parents), des séquences de ses spectacles inspirés par des souvenirs forts de sa vie et surtout de séances de répétition

Il a commencé l’apprentissage de la danse à 22 ans, âge record, a dansé dans la troupe de Martha Graham et dans celle de Béjart. Il les a quittées toutes les deux au bout d’un an car « il ne supportait pas qu’on lui impose de danser d’une façon qui ne lui correspondait pas ». Il a donc décidé de monter des projets indépendants à New York où il a vécu pendant longtemps jusqu’à ce qu’il devienne le directeur de la compagnie israélienne Bat Sheva qu’il a faite à son image.
Naharin a un visage hiératique. Quand il parle, son visage est un masque fermé. Quand il traduit en mots pour ses danseurs ce qu’il attend d’eux, c’est un magicien. Quand il se meut, c’est le roi du monde. Les critiques en Israël ont consacré beaucoup de  place à la personnalité de Naharin, son narcissisme, ses rapports de force avec les danseurs, ses aventures amoureuses. Peu importe.
On est ébloui par le travail des danseurs et la profondeur de leur expression corporelle. On est fasciné par les multiples facettes de Naharin qui se dévoilent à travers ses créations : spectacles ébouriffants, compositions à scènes variables, c’est dans les œuvres pour couples qu’apparaît l’autre versant de Naharin : tendre, attentif, désarmé. Et qu’on reste confondu : comment tomber volontairement sans s’accrocher ?
En sortant de la salle on a l’impression qu’il suffirait d’étendre ses bras et jambes pour réussir à défier la pesanteur. Je l’ai vu hier, je retourne le voir demain, ressentir cette impression magique de faire le grand écart entre une légèreté aérienne et une maîtrise totale. Alors s’il passe près de chez vous, n’y manquez pas, courez le voir. Et écouter la musique qui l’enchante.
A propos de Tomer Heymann : il est l’auteur de quinze films documentaires où parfois il se met lui-même en scène. Dans celui-ci, il s’efface devant Naharin dont il nous fait connaître les contradictions par la juxtaposition de scènes, sans le juger mais sans l’épargner. Il a dédié son film à la danseuse Mary Kajiwara, la première femme de Naharin.

Le site du film Mr Gaga

Brigitte C.

 

     
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