Ilit Azoulay à la Biennale de Venise 2022

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L’artiste israélienne Ilit Azoulay représente Israël à la 59e Biennale de Venise du 23 avril au 27 novembre 2022. Ne manquez donc pas le pavillon israélien si vous visitez la Sérénissime.

L’exposition est nommée Queendom, le féminin du mot Kingdom, Royaume qui existe en anglais et que je viens de découvrir en français : le Reinaume. En hébreu, elle porte le nom de מלכוּת Malkut et en arabe ملكوت .

Reconstruire et déconstruire le passé. Brouiller les pistes. Jouer avec le temps et les genres.

Ilit Azoulay base son travail sur une recherche. Pour le pavillon israélien, le point de départ sont les archives oubliées de David Storm Rice. C’était un historien de l’art et un archéologue spécialisé dans l’art islamique. Les archives de Rice comprennent environ 10 000 pièces. Il s’agit principalement des macrophotographies (sous tous les angles possibles) d’objets de ferronnerie islamiques incrustés. Ces objets étaient populaires à l’époque médiévale et largement commercialisés. Ils arrivaient souvent en Europe via Venise.

Ilit Azoulay dit « qu’elle a en fait construit une archive à partir d’une archive. »  Elle a « cassé »  les macrophotographies de Rice en morceaux encore plus petits tout en changeant leurs codes et surtout leurs genres. Princes devenus princesses,  rois devenus reines. Les femmes ont probablement joué un rôle dans la production de ces objets mais leurs noms n’ont jamais été mentionnés. Ilit Azooulay leur redonne une place.

Elle explique dans une interview en anglais Ilit Azoulay’s ‘Queendom’ Reconstructs the Pass : Peut-être que je me suis approprié ses archives, ses informations, tout comme Rice avait travaillé avec une culture qui n’était pas la sienne ? Je pense à une conversation que j’ai eue avec Kader Attia, qui est assez critique sur la notion d’appropriation culturelle. Il a dit que pour lui, c’est plus comme si les gens laissaient derrière eux un fil à saisir pour les autres, et c’est ce qui fait l’histoire. Pour moi, Rice a laissé un fil et je l’ai simplement repris, tout en le tirant dans une direction différente.

Je trouve fascinant ce travail de photomontage similaire au travail d’artisanat sur le métal incrusté dont Ilit Azulay s’inspire. Une mise en abîme au-delà du temps et de la matière.

 

Pour en savoir plus, lire en anglais Ilit Azoulay’s ‘Queendom’ Reconstructs the Past ou écouter un podcast en anglais sur prix pictet.

Ilit Azoulay est représentée par la Galerie Braverman.

 

     
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