Une chouette histoire israélienne

Cet article est paru dans le Contact J, le mensuel d’expression du judaïsme belge du mois de février 2010.

Une chouette histoire israélienne

L’année 2010 a été déclarée par l’ONU, année de la biodiversité. Une  bonne raison pour s’intéresser aux…chouettes !

Le problème

Au départ, une constatation simple: les rongeurs nuisent à l’agriculture. Comment se débarrasser des animaux qui attaquent les cultures? L’utilisation de pesticides chimiques est une solution polluante, qui provoque des maladies notamment des cancers chez les humains. Comment éliminer ces rongeurs sans nuire à la santé?

Une chouette solution

Les Israéliens, pour encourager la lutte biologique et diminuer l’utilisation de pesticides chimiques ont pensé à la chouette.  Ce rapace nocturne, est un prédateur qui chasse les petits rongeurs et les insectes. La chouette a donc été réquisitionnée pour un projet d’utilité nationale, le fruit d’une coopération entre les Ministères israéliens de l’agriculture, de l’environnement, la Société de protection de la Nature et l’Université de Tel Aviv.

Des recherches scientifiques de l’Université de Tel Aviv ont démontré qu’un couple de chouettes peut liquider de 2000 à 5000 rongeurs par an. La chouette est donc l’alliée naturelle des agriculteurs.

Pour encourager les chouettes, les nichoirs

Que faire pour encourager les chouettes à s’installer dans les régions agricoles? Dans les champs, où on a installé des nichoirs pour chouettes, on a observé une augmentation de 24% du rendement des récoltes.

Et là entre en jeu un observateur d’oiseaux et un photographe. Amit Ezer rêvait de photographier des chouettes mais malgré de longues veilles, il n’en trouvait pas. Installer des nichoirs lui a paru la solution adéquate. Comme il travaille dans l’armée de l’air, il a pensé réutiliser des vieilles caisses de munitions en bois. Par son intermédiaire, IMI, les Industries Militaires Israéliennes se sont associées au projet en fournissant les caisses. Lutte biologique mais aussi recyclage! La prophétie d’Isaïe est en marche : De leurs épées ils forgeront des socs

Aujourd’hui, il y a en Israël 1640 nichoirs ou boites de reproduction à chouettes.

Et les chouettes font leur travail. Shauli Aviel, le coordinateur du projet, déclare que dans la vallée de Beth Shean, on utilise plus du tout de pesticides chimiques pour éradiquer les rats sur plus de 100 000 dounams d’agriculture intensive,  notamment dans les plantations de palmiers-dattiers du kibboutz Sdé Eliyahou.

Nichoir pour chouettes au kibboutz Sde Eliyahou

Et le jour ?

Mais que se passe-t-il le jour quand les chouettes dorment? Et bien, la garde de jour est assurée par des oiseaux de proie, qui prennent la relève, les faucons crécerelles eux aussi très friands de souris et pour qui des nichoirs ont été installés dans les champs.

Qu’en est-il des voisins ?

Mais ce n’est pas tout, la chouette est aussi devenue une ambassadrice pour la paix. Depuis 2002, la communauté juive de Cleveland finance un projet de coopération entre Israël, les Territoires palestiniens et la Jordanie. Des posters et des brochures ont été édités en hébreu et en arabe pour encourager les agriculteurs à se joindre au projet et surtout pour changer les mentalités. Dans la culture arabe, la chouette n’a pas bonne presse, entendre ou voir une chouette est un mauvais présage. Elle est donc systématiquement chassée. En coopération avec le Centre d’Amman pour la paix et le développement, l’éradication des rats par les chouettes devient un projet régional et bientôt un couple de chouettes, l’une israélienne et l’autre jordanienne pourraient se retrouver dans le même nichoir !

Ensemble, c’est chouette ! aurait-dit Harry Potter à Hedwige !

©Rachel Samoul

Si vous désirez approfondir vos connaissances sur la chouette, regardez ce film
d’excellente qualité (en anglais) produit par l’Université de Tel Aviv :