Boycott culturel d’Israël à Aix, Fin et suite?
La semaine dernière, je publiais sur Kef Israel, un billet intitulé Boycott culturel d’Israël à Aix-en-Provence . Cet article a été amplement repris.
Le 20 juillet 2010, Jean-Paul Caverni, Président de l’Université de Provence Aix-Marseille I, diffusait ce communiqué de presse:
Un colloque « Ecrire aujourd’hui en Méditerranée : échanges et tensions », programmé en mars 2011 à l’Université de Provence prévoyait la rencontre d’universitaires et d’écrivains issus de l’ensemble du pourtour méditerranéen. La présidence de l’université a été informée du refus de certains participants de dialoguer avec un auteur et universitaire israélien. La décision a été prise d’annuler la manifestation. « L’université étant universelle, toute entrave à l’universalité est contraire à l’essence de l’université. Tout universitaire qui met comme condition à sa participation à un colloque la non participation d’un autre universitaire falsifie l’esprit de l’université et par là-même s’en exclut. L’annulation du colloque « Ecrire aujourd’hui en Méditerranée : échanges et tensions », répond à un souci de respect de l’esprit universitaire, qui est d’abord un respect des personnes. On ne colloque pas avec qui exclut le dialogue ».
J’aurais aimé que le colloque soit maintenu, qu’Esther Orner, écrivaine israélienne y participe aux côtés d’écrivains arabes et méditerranéens qui souhaitent le dialogue. Et que les écrivains qui ne tolèrent pas la présence d’une israélienne n’y assistent pas. L’université française ne devrait–elle pas être, par excellence, un lieu d’échanges ? J’ai l’impression que ceux qui veulent séparer, mettre au ban, ont eu gain de cause. Plus de dialogue mais le silence. J’aurais aimé surtout qu’on parle de littérature.
Lisez Esther Orner non pas parce qu’elle est juive, ni parce qu’elle est israélienne. Lisez son Autobiographie de personne. Lisez Une année si ordinaire. Lisez Fin et suite. Lisez-la tout simplement parce que c’est un grand écrivain.
Rachel Samoul
Lucile Bertrand
Juil 21, 2010 @ 21:18:14
Merci Rachel pour ce billet! Suis tellement d’accord sur tous les points. Cette annulation est pathétique et lâche. Ouvrir la discussion et le dialogue, quoi d’autre lorsque rien n’est simple ni facile, plutôt que le repli et la censure, et comme dans ce cas-ci, l’auto-censure.
Et, oui, trois fois oui, parler de littérature et en faire, plus que jamais! Et je vais lire Esther Orner, que je ne connais pas encore, merci pour l’info!
J’en profite pour signaler un très beau livre, en anglais, de Ligia Ravé « Hanah’s Paradise », chez New Door Books (Philadelphia, Pennsylvania). Egalement publié en espagnol sous le titre « El paraiso de Hanah » chez Ellago Ediciones. Pas encore en français ni en hébreu, mais qui sait…
Amicalement, Lucile
rachelsamoul
Juil 21, 2010 @ 23:16:03
Lucile, je vais me procurer le livre. Et pourquoi pas, bientôt, une exposition de ton travail en Israël?
Agnès Bensimon
Juil 22, 2010 @ 10:40:46
Chère Rachel, Chère Esther, il s’agit bien d’un enterrement de première classe de la notion d’universalité, d’une faillitte de l’esprit universitaire que cette lâche décision prise vite vite dans la torpeur de l’été de crainte qu’elle ne s’ébruite. J’éprouve honte, tristesse et mépris pour l’attitude et les mots du président. Et je m’interroge: feront-t-ils tache d’huile ? Lire ou relire Esther Orner, ce n’est pas seulement une protestation ponctuelle et individuelle, c’est un engagement en faveur de l’humanité. Son oeuvre profondément marquée par la perte traduit la ténacité de la vie. Je suis révoltée qu’elle doive subir à nouveau l’ostracisme dont son enfance et son adolescence ont été ternies. Cet affront est aussi le mien, le nôtre. Il nous faut réagir, de toute urgence. Merci Rachel d’avoir ouvert la voie.
Ilana-Davita
Juil 23, 2010 @ 10:27:29
Je me permets de donner le lien vers un article du crif sur ce sujet:
https://www.crif.org/index.php?page=articles_display/detail&aid=21264&artyd=2
Kef Israel » Le billet de l’invitée: Suite et fin, Esther Orner
Sep 12, 2010 @ 17:54:08
[…] lendemain nouveau papier sur le blog de Rachel Samoul où elle reproduit le communiqué en le […]