Kishorit, le kibboutz réinventé

Cet article est paru au mois de décembre 2010 dans L’arche, le mensuel du judaïsme français.

Kishorit, le kibboutz réinventé

Perché sur l’une des collines de la Galilée, au-dessus de Carmiel, Kishorit avec ses petites maisons couleur pastel, ressemble à un kibboutz particulièrement bien entretenu. Kishorit accueille des adultes présentant des déficiences physiques, émotionnelles ou mentales de degrés différents. Kishorit est basé sur un concept simple: chacun d’entre nous, quelles que soient ses limitations, a le droit de vivre sa vie dignement. Kishorit met donc à la disposition de ses membres, tout le support médical et psychologique dont ils ont besoin, tout en leur permettant d’être indépendants.

Kishorit a été fondé par Shuli Levinger en 1997, un assistant social et Yael Shilo, une artiste, et fonctionne en collaboration avec le ministère de la Santé et le ministère des Affaires sociales israéliens. Ces deux visionnaires sont persuadés qu’avec un accompagnement adéquat, médical et psychiatrique, toute personne peut être maître de sa vie.

Ce projet unique qui semblait au départ tout à fait utopique, abrite aujourd’hui 148 adultes en situation de handicap qui vivent et travaillent à Kishorit, 8% des résidents venant de l’étranger.

Réinventer le kibboutz

Kishorit croit au pouvoir thérapeutique de la communauté. Le village, fondé sur les terres de Kishor, un kibboutz abandonné à plusieurs reprises, s’inspire du modèle et des valeurs du kibboutz : chaque personne contribue à la communauté suivant ses possibilités et la communauté subvient aux besoins de chacun. C’est un projet qui s’inscrit dans la durée, c’est une maison pour la vie. Dans ce kibboutz, on peut vivre seul, en couple ou à plusieurs. On peut même, si on a une autonomie suffisante, vivre hors de Kishorit, à Carmiel, la ville voisine. Kishorit prône la réinsertion par le travail et l’estime de soi des personnes ayant des besoins spéciaux. Dans ce kibboutz, les résidents apprennent à se définir en fonction de leur travail et non de leurs manques. Certains résidents travaillent à l’extérieur et d’autres sur place et le choix est large. Les meubles et les jouets en bois de couleur pastel de la fabrique PastelToys, sont réalisés à la main et sont destinés au marché israélien et international. Les jouets PastelToys font, à tous les stades de leur élaboration, l’objet d’une attention particulière en matière d’environnement, utilisation de peintures non toxiques et de bois provenant de forêts renouvelables.  Kishorit se veut écologique. On y trouve aussi le plus grand élevage de chèvres organiques d’Israël qui fournit du lait bio ainsi que des poules élevées au sol. Les résidents qui ont le pouce vert, peuvent travailler au potager organique lui-aussi. Ceux qui préfèrent les animaux ont le choix, soit l’école d’équitation, soit le chenil et son élevage de shnauzers nains. Il y a  aussi un département media, KishoriTV. Comme dans un kibboutz, les résidents participent à la bonne marche du quotidien en travaillant au réfectoire ou à la buanderie. Kishorit propose aussi de nombreuses activités artistiques et notamment un atelier de tapisseries. Une exposition a été organisée dernièrement au port de Jaffa sous les auspices du président de l’Etat Shimon Peres. Kishorit n’arrête pas de prendre ses rêves pour des réalités et met sans cesse en place de nouveaux projets grâce aux financement de donateurs. De la vigne vient d’être plantée en vue de créer un vin bio de qualité. Alfanara, le phare en arabe sera une communauté voisine destinée à des résidents arabes.

Comme le dit, Dita Kohl-Roman, la directrice marketing, Kishorit, c’est l’accent sur la coexistence, coexistence entre Juifs et Arabes, coexistence avec la nature, avec les animaux, avec les autres, mais surtout, avec soi-même.

©Rachel Samoul