Blogs d’Israël, un shtetl virtuel

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Cet article est paru dans le Contact J, le mensuel d’expression du judaïsme belge du mois de mars 2010.

Blogs d’Israël, un shtetl virtuel

Un blog est un journal de bord sur Internet qui peut prendre soit la forme d’une chronique personnelle et s’apparenter au journal intime, soit être consacré à un sujet particulier, plus proche alors du journalisme, soit allier ces deux éléments. La blogosphère israélienne est diverse et dynamique.

Petit historique des blogs en Israël

Les premiers blogs en Israël voient le jour à la fin des années 90 mais, à cause de difficultés techniques dûs au maniement de l’hébreu, ils restent un phénomène très confidentiel. La création de la plateforme Israblog par Yariv Havut en octobre 2001 va permettre aux blogueurs israéliens d’écrire dans leur langue. Israblog recense aujourd’hui 400 000 blogs inscrits dont 60 000 actifs (un blog est dit actif quand il est mis à jour au moins une fois par mois). Ce sont les jeunes et plus exactement les adolescentes qui écrivent le plus de blogs en Israël. Elles se mettent en scène, étalent leurs sentiments, parlent de leurs amis, de leurs amours, de leurs écoles, de mode et affichent leurs états d’âme. Le pic de cette tendance se situe entre 2005 et 2006. Mais avec l’arrivée des médias sociaux et en particulier de Facebook, le nombre de blogueurs parmi les adolescents diminue.

Facebook, Twitter et autres Buzz

Les Israéliens arrivent en force sur Facebook après que Facebook en hébreu devient opérationnel. Aujourd’hui, on parle d’environ 2.5 millions de profils d’israéliens sur Facebook. Sur une population de 7 millions d’habitants, c’est pas mal! Twitter reste plus confidentiel avec 20 000 personnes.

Les jeunes délaissent leur blogs pour mettre à jour leur statut sur Facebook. L’heure est au microblogging. La communication devient instantanée.

Portrait d’une blogueuse israélienne

Zroob, aux cheveux roses,  est l’une des top-blogueuses d’Israël. Volontiers provocatrice, elle anime le blog zroob.com. C’est une pionnière, elle a commencé à bloguer à l’âge de 15 ans, elle en a aujourd’hui 23 et grâce à son blog, elle a pu participé à une émission de télé-réalité.


Tendance actuelle

Alors que les adolescents délaissent peu à peu le blogging pour Facebook, ces deux dernières années grâce à la traduction en hébreu de WordPress, de plus en plus d’adultes entrent dans le monde des blogs. Le blog, le journal en ligne devient un instrument pour organiser des campagnes axées sur la défense du consommateur,  sur l’activisme social. Des blogueurs s’unissent pour faire avancer une cause commune. Dernière campagne notable, faire baisser les frais bancaires ou des actions concertées pour qu’une clinique qui prenait en charge les réfugiés du Darfour ne soit pas fermée.

Des blogs dans toutes les langues

Il existe beaucoup de blogs israéliens écrits en d’autres langues que l’hébreu, notamment par des nouveaux immigrants désireux de partager leur parcours israélien. Ils sont américains, argentins, français et belges et se spécialisent en mode comme Simona du blog FashionIsrael, en vin comme Avi d’Israeliwine, en art comme Sarah de Oh-so-arty ou expose leur amour d’Israël comme Ashley de IgoogledIsrael. Les mamans-blogueuses sont très actives, citons les blogs A mother in Israel ou le très touchant, A soldier’s mother où une mère de soldat israélien suit le parcours de son fils à l’armée.


Spécificité israélienne

Carmel Vaisman, spécialiste de la culture Internet, vient de finir un doctorat à l’Université hébraïque de Jérusalem sur les blogs d’adolescentes en Israël. D’après elle, la notion de communauté Internet est beaucoup plus poussée en Israël qu’ailleurs. Comme si le concept séculaire de la communauté juive se retrouvait aussi sur le net. «  La blogosphère en Israël se comporte comme un shtetl. Ce shtetl n’est pas que virtuel. Les blogueurs ne correspondent pas seulement sur le Net : ils organisent des rencontres, se retrouvent régulièrement, célèbrent les fêtes ensemble. » D’après Carmel, les blogueurs israéliens sont précurseurs d’une tendance émergeante, le lien entre le virtuel et le local. A l’avènement du net, on a parlé de délocalisation. Mais aujourd’hui avec l’iPhone  et Google Maps, on peut signaler l’endroit où on se trouve, on peut lier le virtuel à la géographie.

©Rachel Samoul

     
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