Atlit, sur les traces de l’immigration illégale

J’ai visité, avec mon amie la guide Marion, le camp d’internement des immigrés illégaux à Atlit, édifié par les Anglais en 1939 pour contrer l’immigration illégale en Palestine.

A la création d’Israël, le camp d’Atlit se transforma en centre d’accueil pour olim, puis devint une base militaire et fut finalement laissé à l’abandon jusqu’en 1986, date depuis laquelle le site assure la mémoire de l’Ha’apala (העפלה en hébreu), de l’immigration clandestine aussi surnommée alyah beth, un pan douloureux et héroïque de l’histoire d’Israël. Le musée porte le nom de Mordechai (Moka) Limon qui a été l’officier en chef de plusieurs des bateaux, le Gueoula , le Caf Tet b’november, le Théodore Herzl  qui transportaient ces immigrants illégaux.

De 1934 à 1948,  130 000 personnes ont essayé d’entrer illégalement en Palestine mandataire. La plupart en bateaux, certains à pied et quelques-uns en avion.

Une partie du camp a été détruit, une autre reconstruite à l’identique, seul le baraquement de la désinfection est d’origine. Les hommes et les femmes étaient séparées,  leurs baraquements respectifs disposés de part et d’autre de l’allée principale.
On imagine le désarroi de ces survivants de la Shoah : encore un camp, encore une désinfection, encore une séparation.

Visite des baraquements. Dans l’un d’eux, projection d’un film sur l’attaque du camp par le Palmach en octobre 1945 pour libérer les immigrants. Yitzhak Rabin était à la tête de ce commando et ce fut son premier contact avec des survivants de la Shoah. 208 personnes purent être libérées.

Une embarcation semblable à celle utilisée par les clandestins a été transformée en musée et recrée l’atmosphère du voyage en mer, dans la promiscuité, la peur et l’espoir. On y retrouve le témoignage filmé de l’acteur Shmuel Shilo.

En préparation, un avion-musée, qui racontera l’histoire peu connue de l’immigration clandestine d’Irak par avion en 1947 -l‘Opération Mikelberg.

En ligne et à Atlit, on peut consulter Binétivey Haapala בנתיבי העפלה, un centre de documentation et une base de données qui a pour ambition de donner un nom et un visage à chaque immigrant arrivé en Palestine mandataire avant la création de l’Etat. La base de données documente les histoires personnelles des ma’apilim qu’ils aient été pris et internés par les Anglais ou pas, qu’ils étaient emprisonnés à Atlit, à Chypre ou à l’Ile Maurice, qu’ils venaient de Pologne, de Roumanie, de France, d’Iran, de Syrie, ou d’Irak.
20 000 noms sont répertoriés, ceux des immigrants mais aussi ceux qui ont rendu leur immigration possible.

La chanson qui accompagne la présentation ci-dessous s’appelle Habayta, A la maison. Elle est interprétée par Shoshana Damari et a été écrite en l’honneur des immigrants. Shoshana Damari a eu l’occasion de la chanter devant des immigrants internés dans un camp anglais à Chypre en mars 1948 juste avant qu’ils puissent vraiment rentrer à la maison après la déclaration d’Indépendance d’Israël en mai 1948.

Pour se rendre au camp d’internement des immigrants illégaux à Atlit, il faut prendre la route n°2 vers Haïfa et sortir à Atlit. Le site est bien indiqué.

Heures d’ouverture :
Dimanche à jeudi de 9h à 17h
Vendredi et veilles de jours fériés de 9h à 13h

Il faut réserver la visite à l’avance !

Tel : 00 972 4 98419 80

Le site 

 

L’allée principale du camp d’Atlit

 

 

 

L’avion dans lequel on racontera l’Opération Mikelberg