Du 36e au 41e jour – De trêve en trêve

De trêve en trêve

Nous vivons de trêve en trêve. Une trêve de 72 heures qui finissait mercredi 13 août à minuit. Alertes quelques minutes après l’annonce de la prolongation du cessez-le-feu dans le Sud du pays. Trêve de cinq jours jusqu’à demain, le 18 août à minuit. Comme à chaque trêve, la tension augmente au fur et à mesure qu’on s’approche de son expiration. Ce week-end, beaucoup de soldats ont vu leur permission annulée tandis que d’autres ont pu enfin rentrer à la maison. Va-t-on arriver à un accord ? La trêve va-t-elle être prolongée ? Une impression de confusion. De ne pas comprendre ce qui est en train de se jouer. Mais sinon, tout semble être revenu à la normale, en tous cas à Tel Aviv. Restaurants bondés, plages avec leur lot de touristes français, – je suis émue par ces familles de touristes français que je trouve courageux -, Israéliens en vacances. Mais, j’ai l’impression que tout est un ton au-dessous. Un peu moins de monde, un tout petit peu moins d’énergie. Pourtant, alors qu’on ne parlait que de la situation, on recommence à parler travail, amitié, projets. On reprend même le sujet de conversation le plus populaire et le plus normal l’été en Israël. Ah ! Qu’est-ce qu’il fait chaud ! Comme l’humidité est insoutenable. Alors que les roquettes pleuvaient, on ne parlait plus de la chaleur. Néanmoins,  cet été a été moins chaud que la normale et même les méduses, d’habitude, nombreuses au mois de juillet ont renoncé à venir nous voir. Encore un boycott ?

En marchant dans la ville

parasol

J’ai beaucoup marché, pas assez pourtant pour transformer mes marches en promenades parce que je n’étais pas assez concentrée et parce que j’étais en compagnie de mon amie Joëlle. J’ai repéré quelques beaux parasols, des éclats de couleurs sur les façades souvent décrépites des bâtiments de Tel Aviv. Je suis très sensible à tout ce qui est paisible et serein, un chat près de la mer et d’un oiseau bleu, le fuschia d’un bougainvillée près d’un mur turquoise, les formes des pins pliés par le vent de la mer. Ce n’est pas si simple de se réhabituer au quotidien.

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Et pendant ce temps…

Et pendant ce temps, les barbares de l’Etat islamique continuent leurs exactions. Les enfants continuent de mourir en Syrie. On ne sait pas ce qui se passe en Libye. Que deviennent les jeunes filles nigérianes enlevées par Boko Haram ? Où en sont les combats entre les séparatistes russes et les Ukrainiens?

Menahem Golan, Robin Williams, Lauren Bacall et Simon Leys

Ces journées ont été endeuillées par la perte de grandes figures du cinéma. Menahem Golan, un grand monsieur du cinéma israélien. Il a, entre beaucoup d’autres, co-réalisé le film israélien culte, Salah Shabati  et aussi Opération Entebbé, deux films nominés aux oscars.

Robin Williams, inoubliable comédien, qui se considérait comme un juif honoraire, un clown triste, un acteur hors-pair. Il cite le poète anglais Whitman dans le film Le Cercle des Poètes disparus: «  Ô moi ! Ô la vie ! Tant de questions qui m’assaillent sans cesse, ces interminables cortèges d’incroyants, ces cités peuplées de sots. Qu’y a-t-il de bon en cela ? Ô moi ! Ô la vie ! ». Et sa réponse dans le film : que tu es ici, que la vie existe, et l’identité. Que le prodigieux spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime. Que le prodigieux spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime… Quelle sera votre rime ?
Et Lauren Bacall, pour moi la quintessence du style, de la famille Perske, comme Shimon Peres.

Et Simon Leys, un essayiste belge, passionné par la Chine, la littérature et la mer, dont j’aime les livres. Dans Le Studio de l’Inutilité, il cite Erasme : On ne naît pas homme, on le devient.

Manifestations

Ces journées ont été ponctuées par des manifestations, une manifestation de solidarité avec les habitants du Sud d’Israël et une manifestation hier soir en présence de David Grossman qui appelait à négocier avec Mahmoud Abbas, sur la place Rabin.

Série israélienne

Je me suis plongée, peut-être pas tout à fait par hasard, dans une nouvelle série israélienne Metim L’rega, Temporairement mort, qui explore l’expérience de mort imminente, une version israélienne de Docteur House ou de Grey Anatomy mêlée à de la science-fiction et un thriller. Un peu répétitif, peu de moyens mais une vraie détente avec des actrices et des acteurs très agréables à regarder.

En convalescence

Je me sens comme en convalescence. Mais avec risque de rechute. J’avais intitulé ce journal, La vie sous les missiles. Plus de missiles pour le moment mais le souvenir des missiles. Je sursaute à chaque sirène d’ambulances, à chaque démarrage de moto. Je me dis qu’il est temps d’arrêter de compter les jours. Mais, peut-être, pas encore. La trêve finit demain à minuit.

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