Le voyage interdit Alger-Jérusalem, un livre de Jean-Pierre Lledo
Nous retrouvons avec plaisir Esther Orner qui a lu Le voyage interdit Alger-Jérusalem de Jean-Pierre Lledo, Les Provinciales, 2020
Je connaissais le cinéaste pour avoir vu ses documentaires sur l’Algérie et puis ses quatre films sur son voyage en Israël un peu comme les personnages bibliques qui parcouraient le pays en long et en large pour se l’approprier. Jean-Pierre Lledo le fait en voiture caméra au poing accompagné de sa fille Naouel et de sa productrice, chef monteuse et compagne Ziva Postec dont il traduit le prénom et l’appelle son Rayon de soleil. Entre temps il a découvert que les prénoms hébraïques avaient un sens. Et ainsi il va de découverte en découverte lui qui soixante ans de sa vie ne savait pas ou plutôt ne voulait pas le savoir qu’Israël était aussi son pays et pas seulement l’Algérie Quant à moi je découvre un vrai auteur une vraie écriture. Des pages pleines de poésie.
Voulant tout capter dans ce livre de trois cent pages je me mets à lire à la Barthes dans le désordre. Et surtout les dernières pages. Très vite je me calme et commence à lire dans l’ordre. Respecter le cheminement du narrateur.
Jean-Pierre Lledo pose d’emblée la question que tout le monde se pose à son sujet « Trahison ou conversion ? ». Un poème de Robert Frost suggéré par Danielle Pikstein qu’il cite s’intitule Bifurcation. Lledo, l’Algérien, le communiste a fini par bifurquer. Israël qui fut longtemps un de ses tabous est devenu son lieu de résidence.
Je me passionne de plus en plus pour cette autobiographie à laquelle je n’étais pas préparée pourtant j’avais vu ses films et je l’avais rencontré. A peine j’écris autobiographie que je recule. Si déjà, une autobiographie historique.
Plus j’avance dans ma lecture souvent en revenant en arrière et plus j’ai l’impression que Jean-Pierre Lledo est le biographe de lui-même qui dit Je.
Deux routes bifurquaient dans un bois jaune… (Robert Frost) Jean-Pierre Lledo a bifurqué d’un monde à un autre en laissant derrière lui des amitiés qui ont énormément compté, des ennemis qui lui en veulent d’avoir ouvert les yeux, un monde auquel il a cru pour découvrir sa judéité, de nouveaux amis. Un monde nouveau.
Lledo a fait son Alyah, Il nous dit tout ce qu’il aime dans sont pays ancien et nouveau et n’omet pas de nous dire qu’il laisse pour plus tard ce qu’il n’aime pas. J’attends la suite.
©Esther Orner
Le voyage interdit Alger-Jérusalem, Jean-Pierre Lledo, Les Provinciales, 2020