Paul Celan, rien de plus noir que le matin lumineux du souvenir
« Rien de plus noir que le matin lumineux du souvenir », Paul Celan cité par Andrei Corbea dans le Continuum n°6 et signalé par Esther Orner.
Le 20 avril 1970, Paul Celan met fin à ses jours. Cette année, cinquante après, au temps du Corona, j’étais devant la télé à Tel Aviv à regarder pour Yom HaShoah la cérémonie en souvenir des six millions de morts comme je le fais chaque année depuis que j’habite en Israël. Cette année, à cause du corona, c’était une cérémonie sans public, où les six témoins avaient pré-enregistrés chez eux. La Shoah, le suicide de Paul Celan, la mort de Daphna, l’étrange époque que nous vivons, tout se mélange.
En hommage au poète, ce poème intitulé Corona qu’il a écrit à Vienne en 1948 :
Corona
De ma main l’automne grignote sa feuille : nous sommes amis.
Nous écalons le temps hors des noix et l’instruisons à marcher :
le temps rentre dans l’école.
Dimanche au miroir,
on dort dans le rêve,
la bouche parle vrai.
Mon œil descend jusqu’au sexe de l’aimée :
nous nous regardons,
nous nous disons des paroles obscures,
nous nous aimons comme pavot et mémoire,
nous dormons comme le vin dans les conques,
comme la mer dans le rayon de sang de la lune.
Nous sommes à la fenêtre enlacés, ils nous regardent de la rue :
il est temps que l’on sache !
Il est temps que la pierre consente à fleurir,
qu’au désarroi batte un cœur.
Il est temps qu’il soit temps.
Il est temps.
Traduction de John E. Jackson, in Paul Celan Poèmes. Corti
Et aussi, écoutez Paul Celan, u
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