Mon grand-père ce Zouave

J’ai la chance d’avoir en ma possession le livret militaire de Zouave de mon grand-père, un livret de 1897. Mimoun Samoul né le 18 août 1877 à Ain Temouchent dans le département d’Oran fait son service militaire de 1897 à 1899 dans le 2e régiment de zouaves avec le matricule 862, et je pense que c’est à ce moment que notre nom de famille Bensamoun a été transformé en Samoul.

Il est né français puisque 7 ans avant sa naissance, le décret Crémieux du 24 octobre 1870 accorde aux 35 000 juifs d’Algérie la nationalité française. Ce décret sera abrogé par Pétain le 7 octobre 1940. Les Juifs d’Algérie retrouveront leur nationalité française le 22 octobre 1943.

Il est inscrit qu’à l’arrivée dans son corps d’armée, il ne sait ni lire ni écrire. Il aurait fallu écrire qu’il ne savait ni lire, ni écrire le français mais qu’il savait lire et écrire l’hébreu. On aurait pu aussi préciser qu’il était au moins trilingue : judéo-arabe, arabe, français et sans doute espagnol. Au moment du passage dans la disponibilité ou dans la réserve de l’armée active, il ne sait toujours pas lire et écrire. A l’époque, on ne profitait pas du service militaire pour sortir les soldats de l’illetrisme ?

Il ne sait pas nager ni avant ni après le service militaire.

Pendant son service militaire, il a été employé comme élève cordonnier, une profession qu’il exercera quelques années par la suite. Et il se distingue en tant que sonneur de cor de chasse !

Il est mobilisé le 5 août 1914, deux jours après que l’Allemagne déclare la guerre à la France. Il était alors âgé de 37 ans. Il sera affecté le 27 novembre 1916 au 10e bataillon territorial de zouaves stationné à Corfou. Je ne sais pas grand chose de son service si ce n’est qu’il a eu très faim.

Une note émouvante. Il est en permission en octobre 1916 et en juin 1917, neuf mois après, il reçoit une permission exceptionnelle pour la naissance d’un enfant qui malheureusement ne survivra pas.

Il sera démobilisé le 10 février 1919.

Deux de ces petits-fils qui portent son nom Mimoun, mon cousin Bernard et mon frère Gérard sont nés à 10 ans d’intervalle un 11 novembre, la date de l’armistice.

Et aujourd’hui, deux de ses arrières-petits-fils Idan et Daniel et l’une de ses arrières-petites-filles Anaël ont fait ou font leur service militaire dans l’armée israélienne et ils savent lire et écrire aussi bien le français que l’hébreu !