Esther Orner ou la mécanique mystérieuse des affaires humaines
Dans le cadre du billet de l’Invité, je reprends un article de l’écrivain Shmuel T. Meyer (publié sur Facebook) à propos du dernier livre d’Esther Orner : De si petites fêlures aux Editions Caractères.
Esther Orner ou la mécanique mystérieuse des affaires humaines
Il y a quelque chose d’anthroposophique dans l’écriture d’Esther Orner, une conscience du sensible qui rend immatérielle l’évocation du monde. De si petites fêlures est un carnet d’esquisses sans traits, de taches pastels, un espace sans géographie, sans contours précis.
Esther Orner excelle dans cette approche quasi hyperesthésique [1] encore plus que poétique des gestes de l’Homme et du monde qu’il habite. Elle est comme un miroir qui ne renverrait que la part imperceptible et secrète de ceux qui s’y regardent et ne s’y voient pas.
Esther Orner, disait Marcel Cohen, n’écrit pas, elle est essentiellement voix, elle est aussi, dans ce livre, l’expression du regard. Esther Orner voit.
En refermant De si petites fêlures, j’ai eu le sentiment déconcertant de m’arracher à une contemplation muette. Là, j’étais assis aux côtés de l’auteure. Nous n’avions pas échangé un mot, seulement vu avec des yeux uniques, partagés, la mécanique mystérieuse des affaires humaines.
Un très beau livre aux éditions Caractères (Nicole Gdalia)
[1] hyperesthésie sensitive, sensorielle, de la sensibilité
©Shmuel T. Meyer