Wedding doll, un film israélien de Nitzan Giladi
La chronique cinéma israélien de Brigitte C.
Hatouna meniar – The Wedding Doll – Un film de Nitsan Guiladi, 2015 – 82 minutes
Hagit, 24 ans, l’héroïne du film, souffre d’un léger retard mental. Elle vit avec sa mère divorcée à Mitzpe Ramon, localité perchée dans les montagnes du désert. Elle travaille dans une fabrique de papier toilette au bord de la faillite. Hagit est pleine de charme et de vie. Son plus grand désir est de se marier. Les murs de sa chambre sont tapissés de photos de mariage découpées dans des magazines, et elle a comme hobby la fabrication de poupées de mariées délicates, leur silhouette est en carton découpée dans les rouleaux de papier toilette et elle les habille de papier blanc. La fabrique de papier est la meilleure part de sa vie : elle s’y sent appréciée par le patron qui l’affectionne et est amoureuse d’Omri, le fils du patron, qui est attiré par elle. Ils se donnent rendez-vous en cachette sur la promenade devant le canyon vertigineux de Mitzpe Ramon quand la mère de Hagit s’absente. Celle-ci fait ce qu’elle peut pour protéger sa fille du monde extérieur mais Hagit qui lutte pour réaliser ses rêves d’indépendance et d’amour, ne comprend pas pourquoi sa mère craint pour elle. Alors quand la fabrique de papier périclite et annonce sa fermeture, le monde de Hagit bascule.
Tout le film est axé sur la différence et sur la façon dont les gens appréhendent cette différence. La gêne, la cruauté, la bonté, l’engagement et aussi le leurre. Le film nous dit aussi que le handicap n’est pas seulement là où il se voit. Hagit souffre d’un regard mental mais le film est traversé par un tas de personnages qui sont des handicapés du sentiment.
Mais Hagit n’est pas la seule héroïne du film. Il y a sa mère qui tente de trouver un équilibre entre ses propres besoins et désirs et les limites de son engagement à l’égard de sa fille. Et il y a Omri, le personnage le plus intrigant du film. Car Omri lui aussi est différent, sans être retardé, il ne comprend pas toujours les intentions de son entourage, il ne lit pas les motivations dissimulées dans leur comportement, et face à Hagit il est sur une corde raide. Est-ce son innocence, en plus de sa beauté, qui l’attire ? Ou d’autres raisons qui ne sont que spéculations car le film ne nous donne pas les moyens de mieux comprendre.
The Wedding Doll est un joli film. C’est le premier long métrage du metteur en scène Nitzan Guiladi.
Les acteurs Moran Rozenblatt (Hagit) et Roey Assaf (Omri) font du film sa réussite.