En marchant, en écrivant : la rue Bialik

A propos du projet Tel Aviv, en marchant, en écrivant

Me voici dans la rue Bialik où Hayim Nahman Bialik, le poète de la langue hébraïque, le précurseur de la vie culturelle de Tel Aviv, construit sa maison en 1924. Fait très rare la rue sera baptisée par Méir Dizengoff en présence du poète national, c’est ainsi qu’on le surnommait, pour le remercier de s’être installé à Tel Aviv et d’avoir apporté à la jeune cité tout son prestige. La rue Bialik est un musée des débuts de l’architecture de Tel Aviv où se côtoient style éclectique et international. Il faudrait pouvoir s’arrêter à chaque maison et écrire l’histoire de chacun de ses habitants.
Au coin d’Allenby, le Café Bialik, pour flâner ou écrire pendant la journée, et venir à des concerts le soir. C’est là que j’ai eu le plaisir d’assister il y a quelques années, à un merveilleux concert de Maurice El Medioni.
Que regarder ? Les graffiti simiesques de Wonky sur le mur d’en face. Ou encore, le magnifique bougainvillée et le balcon de la maison d’à côté. Ou encore, un peu plus loin, le bleu pastel d’une maison basse, ou plus loin le brun sombre d’une autre ? Ou les arrondis sensuels d’un bâtiment Bauhaus. Ou encore, les formes d’une balustrade. Tout est beau, les volumes comme les détails, les volets, les balcons, les arbres comme les façades, les couleurs comme les odeurs. Notes persistantes de jasmin sur essence de fleurs d’oranger.
Le peintre Ruben Rubin disait Partout ailleurs, il y a l’ombre et la lumière. Ici, il n’y a pas d’ombre: même l’ombre est lumineuse. Ainsi est la façade de son musée. Un peu plus loin, une maison rachetée et rénovée par une famille anglaise, affiche une allure victorienne. Une palissade cache la maison blanche aux volets bleus surmonté d’une menorah. Sanatorium dans les années 20, elle a ensuite hébergé le centre hassidique de Tel Aviv puis une synagogue. J’espère qu’elle ne va pas être détruite. Plus loin, un bâtiment Bauhaus aux lignes épurées et d’une blancheur éclatante, il a été acquis dans les années 80 par Ron Lauder, le fils d’Estée, et abrite un charmant et tout petit musée du Bauhaus, ouvert seulement le mercredi et le vendredi. En face, la maison de Bialik, presque un château, exhibe sa tour et ses arcades. Au bout de la rue, une place et le Beth Hair, un musée de la ville de Tel Aviv où se trouvait la mairie de de 1928 à 1965. Longtemps, la fontaine sur la place était celle des mosaïques de Nahum Gutman que j’ai croisé au boulevard Rothshild n°1. Un vieil homme dans une chaise roulante et sa jeune aide philippine regarde les nénuphars orange du bassin assortis à la façade du centre de musique Felicia Blumenthal. Un cyprès d’un vert profond rend le ciel encore plus bleu.  En face, une délicieuse maison avec un toit crénelé, des vitraux en demie-lune, dont la porte d’entrée est toujours ouverte et où est toujours attaché à la rampe d’escalier, un vélo et au fond la verdure de l’arrière-cour. Je ne peux m’empêcher à chaque fois que je passe devant elle de la photographier. Après un tournant presqu’à angle droit, nous ne sommes déjà plus dans la rue Bialik mais dans la rue Idelsohn. Un tag qui semble être là rien que pour moi : La Vie comme une voie et plus loin un autre : Vers où, la vie. Je tourne à droite dans la rue Hesse. A l’angle, j’aime la somptueuse simplicité de la maison unifamiliale du docteur Victoria Kruskal construite par Richard Kaufmann, l’une des plus belles maisons de Tel Aviv. J’ai oublié de vous dire que la température et la luminosité sont juste parfaites, l’air limpide dessine les couleurs.
Je me retrouve dans la rue Zalman Shneor, au numéro 8 a vécu la poétesse Esther Raab.  Une volée d’escaliers sur la gauche pourrait me ramener à la placette de la rue Bialik. Un long mur avec les graffiti-tournesols d’Inspire. Je tourne à gauche dans la rue Tchernihovsky où je peux faire la jonction avec une précédente promenade, celle du gan Méir.

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Tel Aviv, En marchant, en écrivant: Marche n°21

Distance parcourue: 700 mètres

Date: 22 avril 2014/22 Nissan 5774

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