En marchant, en écrivant : Allenby, d’une place à l’autre
A sa création en 1911, la rue Allenby s’est d’abord appelée la Route vers la mer. En 1918, les habitants de la ville décidèrent d’honorer la victoire du Général Allenby et des forces britanniques sur les Turcs en lui donnant son nom.
C’est une artère populaire et bruyante avec une circulation soutenue – surtout des bus – et de nombreux coups de klaxon intempestifs. Pas de doute nous sommes bien en Orient ! Des échoppes plus que des magasins dont certains ont gardé la même apparence depuis leur création, ce qui leur donne un aspect vintage assez sympathique. Entrez dans la Bank Mercantile au numéro 103, dépaysement assuré ! C’est comme si l’Israël des années 70 s’était fossilisé. Allenby est aussi le centre du kitch et des paillettes, où on peut acheter des robes du soir pur synthétique particulièrement étincelantes.
Les bâtiments sont pour la plupart en triste état, noircis par la suie des gaz d’échappement, ou à peine rafistolés laissant à vif les saignées de nouveau béton. On peut rêver qu’une fois les bus de Tel Aviv devenus électriques, la rue Allenby et ses magnifiques maisons de style éclectique retrouveront leur lustre d’antan.
Je suis partie de Kikar HaMoshavot, à la croisée des chemins, à l’endroit où la rue Allenby se transforme en Alyah, et où la rue Menahem Begin prend le nom de Route de Jaffo. A l’origine, il y avait un rond-point avec une fontaine et une pelouse mais le carrefour a été réaménagé pour faciliter le flux de la circulation. Les mochavot sont les implantations rurales du Yichouv (où la propriété privée était respectée au contraire du mochav ou du kibboutz) qui deviendront les futures villes moyennes d’Israël. A la fin du XIXe siècle, les conditions agricoles, climatiques et politiques étant très difficiles, les mochavot ne purent survivre que grâce au soutien financier du Baron Edmond James de Rothschild. D’ailleurs, me voici déjà arrivée à l’intersection avec le boulevard Rothschild. Je peux admirer sous un autre angle le bâtiment avec la tourelle, l’ancien premier hôtel de luxe de la ville dont je vous ai déjà parlé. Juste en face, sur la façade délabrée du bâtiment qui abrite Benedict, le restaurant qui sert à toute heure des petits-déjeuners et rien que des petits-déjeuners, de belles céramiques de l’école Betzalel et notamment un berger.
Je me souviens que le premier skud lançé sur Tel Aviv en janvier 1991 avait atterri sur une maison d’Allenby en éventrant la toiture mais sans faire de victimes.
Au 110 de la rue Allenby, voici la grande synagogue de Tel Aviv, conçue en 1924 par Alexander Baerwald, un architecte juif allemand qui a surtout construit à Haïfa notamment le célèbre bâtiment du Technion. A Berlin, il jouait du violoncelle dans un quatuor à cordes où Albert Einstein était au violon. La synagogue a été refaite dans les années 1970. Désormais, enfermée dans une colonnade de béton. Son dôme n’est visible que si on le cherche attentivement et seulement de certains points de vue. Observez l’horloge avec les lettres hébraïques en guise de chiffres, entrez dans l’édifice pour en admirer les vitraux. Engagez-vous dans la rue Har Sinaï. Installez-vous à Port Saïd. Juste en face de la synagogue, on boit de l’alcool assis sur des tabourets bas. C’est le chef Eyal Shani, l’un des juges du Master Chef israélien – un homme qui parle poétiquement des tomates comme personne – qui a élaboré le menu.
A quelques encablures de la Grande Synagogue, sur le trottoir d’en face, une autre synagogue : la Beth Haknesset Moshav Hazkenim. Elle est dans un état désespéré mais approchez-vous tout de même pour observer de prés les deux bandeaux de céramiques qui entourent le portail. A droite, les tribus d’Israël et à gauche les noms des mois hébraïques et leur signe astrologique associé. Je cherche Nissan, le mois de Pessah.
Nous voici au Kikar Magen David, l’un des carrefours les plus importants de la ville avec autant de rues que de branches dans une étoile de David : les deux bras de la rue Allenby. Sheinkin, King Georges, Nahahat Benyamin et la rue du shouk HaCarmel.
Sur la place, toujours une activité intense, vous pouvez soit admirer une statue vivante, un jongleur ou un cracheur de feu soit mettre vos phylactères grâce aux Loubavitch, vendre votre hamets à Pessah, croiser une réplique de Jésus, écouter la chanteuse Miri Aloni, un accordéoniste ou un quatuor de violonistes. Aucun risque de s’ennuyer, c’est donc un excellent endroit pour se donner rendez-vous !
Tel Aviv, En marchant, en écrivant: Marche n°20
Lire la marche précédente : Un petit bout de boulevard
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esther kervyn miller
Avr 13, 2014 @ 19:52:38
merci! chère Rachel, c’est toujours TRES intéressant et plein de bonnes surprises PESSAH MEAH pour toi et tous ceux qui comptent dans ton exsistance, your Esthienne.