En marchant, en écrivant : Pagode au coeur de Tel Aviv

A propos du projet Tel Aviv, en marchant, en écrivant

C’est une promenade dans, littéralement, le Coeur de Tel Aviv – en hébreu, le quartier s’appelle Lev Tel Aviv, où se trouvent des nombreuses Maisons de rêve, Batei Halomot, בתי חלומות construites dans les années vingt. Je retrouve Sarah au coin de la rue Mazé et de la rue Lama. Je plaisante. Je fais allusion ici à l’une des chansons mythique du groupe Kaveret. C’est l’adresse du héros de leur album « Sipouré Poogy »,  Les histoires de Poogy : Mazé voulant dire en hébreu, qu’est-ce que c’est et lama, pourquoi. Le nom de la rue Mazé מאז »ה n’a bien sûr rien à voir avec Poogy puisque c’est l’acronyme de l’expression La semence d’Aaron HaCohen qui désigne un descendant direct du frère de Moïse, un membre de la dynastie des Grands prêtres. Il s’agit ici du rabbin Yaakov Mazé, grand rabbin de Moscou dont le témoignage a été essentiel pour disculper en 1913 le juif Beilis accusé par les autorités tsaristes d’avoir tué un enfant chrétien.

Nous voilà donc devant les maisons jumelles de la rue Mazé, deux maisons en briques de silicate grises reliées par une arche. Un matériau très caractéristique du travail de l’architecte Joseph Berlin. On peut voir encore aujourd’hui à Tel Aviv plus de quarante maisons de ce type. Le bâtiment a abrité – brièvement, pendant une année – la première école d’Architecture de la ville et a longtemps accueilli la famille Berlin. Aujourd’hui, au rez-de-chaussée, la librairie-café Tolaat Sefarim, le Ver des livres qu’on traduirait plutôt rat de bibliothèque, enfin, on reste dans le domaine de la faune et en étages, la galerie Shloush.
Nous tournons dans la rue Lord Melchett pour arriver à la place du roi Albert. Dizengoff, le premier maire de Tel Aviv était aussi consul honoraire de Belgique. Le roi Albert 1er de Belgique, la première tête couronnée à se rendre à Tel Aviv, se promène avec Méir Dizengoff dans la jeune cité et, dit la légende, s’asseoit sur le banc de cette place entre les deux ficus. L’année d’après, le roi meurt dans un tragique accident d’alpinisme et Dizengoff, en guise d’hommage, donne son nom à la place.
La Maison de rêve par excellence c’est La Pagode japonisante, restée des décennies en état de décrépitude mais qui a retrouvé toute sa splendeur, grâce à un acheteur suédois soucieux de la remettre en état. La Pagode a une autre particularité : le premier ascenseur de la ville dans une maison privée y a été installé. Les enfants du quartier, émerveillés, venaient jouer, monter et descendre, indéfiniment. Son architecte Alexandre Levi (1883-1942) a eu une vie tragique. Ne s’acclimatant pas au pays, il retourne à Berlin, puis se réfugie à Paris et de là est déporté à Auschwitz. Ironie du destin, c’est aussi là qu’a grandi Gideon Hausner, le procureur du procès d’Adolf Eichmann.

Au 46 de la rue Montefiore, toujours sur la place du roi Albert, un bâtiment dont seule la façade moderniste conçue par l’architecte Dov Carmi, l’une des figures de l’architecture Bauhaus en Israël et qui a étudié à l’université de Gand, encore une connection belge ! , a été préservée tandis que l’intérieur a été complètement refait pas son fils Ram Carmi dans un style post-moderne. Une histoire de famille. D’autant plus que Dov Carmi a construit la maison au 9 rue Gordon avec son palmier d’où vient le logo de Kef Israël ! Sur la façade, comme une seconde peau, un travail du sculpteur Uri Lifshit, un ficus ciselé, reflet de celui qui se trouve sur la place.

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L’envers de la maison-jumelle de la rue Mazé à Tel Avivphoto 2 (5)

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Tel Aviv, En marchant, en écrivant: Marche n°18

Distance parcourue: 500 mètres

Avec Sarah et très souvent avec des amis touristes

Date: 7 mars 2014/5 Adar Beth 5774

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