Yaakov Gross, la mémoire cinématographique d’Israël
Régulièrement, je partage avec vous des documents d’archives que je trouve sur la chaîne YouTube de Yaakov Gross. J’adore son travail. Je me suis dit qu’il était temps de faire sa connaissance. Nous nous sommes rencontrés à Givataïm non loin de l’emplacement des studios Geva, là où le cinéma israélien est né. Le père de Yaakov Gross, Natan Gross a été le premier réalisateur payé d’Israël. Il venait de Pologne où il avait fait des études de cinéma et où il avait fait partie de la coopérative Kinor qui avait réalisé le premier film polonais après la guerre ainsi que des films en yiddish. Les studios Geva produisait les journaux Geva, montrés dans les cinémas israéliens avant les films. Les studios Geva ont été détruits pour être remplacés par des tours qui porteront leur nom mais Yaakov Gross est là pour sauver la mémoire cinématographique d’Israël.
Yaakov Gross parle avec enthousiasme de sa mission. Il aime le cinéma israélien et travaille pour que cette mémoire cinématographique soit préservée, rénovée et diffusée.
C’est lui par exemple qui a retrouvé les traces d’un film tourné en 1913, La vie des Juifs en Eretz Israël, réalisé par Noah Sokolowski. Tout le monde pensait que les bobines se trouvaient à Odessa parce que l’équipe venait de cette ville. Il a fait le voyage mais n’a rien trouvé. C’est finalement en 1997 grâce à la France, en la personne d’Eric LeRoy des Archives du film du CNC que les bobines ont été sauvées. Eric LeRoy, aujourd’hui président de la FIAF, la Fédération internationale des Archives du Film, avait déniché dans un entrepôt des boites en bois sur lesquelles figurait le mot Palestina et dans lesquelles se trouvaient 170 bobines de 20 mètres de négatifs. Eric LeRoy contacta Yaakov Gross qui sut tout de suite qu’il s’agissait du film qu’il recherchait depuis des années. Le film s’était retrouvé à Paris parce qu’à l’époque le procédé de développement était encore sous brevet et Pathé gardait le négatif et renvoyait le positif. C’était juste les 50 ans de l’Etat d’Israël et le Centre national du film avec l’aide du ministère de la Culture français a offert le film et sa restauration à la Cinémathèque de Jérusalem.
Yaakov Gross a aussi permis la rénovation et le passage sur DVD du premier film réalisé entièrement en Israël et par des Israéliens en 1956, Histoires de taxi מעשי במונית
et d’un film sur la Guerre d’Indépendance et la bataille de Beer Sheva, Amoud HaEsh, עמוד האש
Cette passion dévorante, Yaakov Gross, cet aventurier du film perdu, veut la faire partager. Il met en ligne ces documents d’archives sur YouTube, à mon plus grand bonheur et à celui de beaucoup d’entre vous puisque vous êtes nombreux à me dire que c’est une des parties du blog que vous préférez. Grâce à lui, j’ai pu découvrir l’allure du premier Président de l’Etat d’Israël, Haïm Weizman en 1918, des images rares de Tel Aviv, un déluge en 1938 ou les premières Maccabiades en 1932
Lazare BERNEMAN (Antwerp)
Fév 20, 2017 @ 23:06:58
BDH