En attendant … Guilad?

Le 7 juin 2010, un rallye en mer, au large de Herzliya, a été organisé pour Gilad Shalit.

משט הזדהות למען גלעד שליט בחופי הארץ
משט הזדהות למען גלעד שליט בחופי הארץ
(יחצנים, SEA-GAL, מועדון היאכטות הישראלי)

Cet article est paru dans le Contact J , le mensuel d’expression du judaïsme belge du mois de décembre 2009. Les jours passent, 1443 jours, 4 ans le 25 juin, et rien ne change. La Croix Rouge n’a toujours pas rendu visite à Gilad Shalit.

Une famille en captivité

Ce sont les circonstances tragiques de l’enlèvement de Gilad Shalit le 25 juin 2006 par le Hamas qui ont fait des membres de la famille Shalit des personnages publics.

Dans un documentaire de Tal Goren intitulé  Une famille en captivité diffusé en Israël sur la chaine 10, le 6 décembre, Noam Shalit témoigne de sa difficulté d’être sous les feux des projecteurs et en même temps de la nécessité de l’être pour son fils, pour que Gilad reste une priorité pour tous.

משפחה בשבי – משפחת שלי

Le film suit les Shalit sur une période d’un an et se termine le 4 octobre 2009, au moment où la famille visionne pour la première fois la cassette remise par le Hamas. Difficile de décrire l’émotion d’une mère face aux images de son fils, qu’elle voit, en vie, pour la première fois en trois ans.
Le film montre aussi à quel point, malgré leur engagement public, les Shalit sont restaient discrets. Noam Shalit, le père de Gilad avait un frère jumeau, Yoël; il a été fait prisonnier pendant la guerre de Kippour et on a retrouvé son corps sans vie, menotté. Il avait 19 ans. Gilad a tenu à s’engager dans la même unité que son oncle.

En mars 2008, pour marquer le 1000ème jour de détention de Gilad, la famille avait dressé une tente devant la résidence du Premier ministre sortant Ehud Olmert . Dans cette tente de soutien, le frère de Gilad qui porte le nom de son oncle disparu Yoël a rencontré l’amour, une jeune femme venue faire part de sa solidarité. Un entrelacement improbable entre la vie qui continue malgré tout et la douleur de vivre sans Gilad.

Gilad au quotidien

Grâce au travail de la famille et de toutes les personnes de bonne volonté qui se sont associées à leur cause, Gilad Shalit est entré dans le quotidien des Israéliens. Il ponctue les événements de leur vie. Lors de mariages, au moment où l’on casse les verres, on fait une prière pour Gilad. Dans certains enterrements, à la fin de la cérémonie, on fait une prière pour Gilad. Pour Hanoucca, l’Armée des amis de Gilad a proposé d’allumer une bougie en plus pour lui.

Cette Armée des amis de Gilad comporte plus de 37 000 fans sur Facebook et contribue à garder Gilad au centre des préoccupations des Israéliens. Gilad est vraiment partout,  sauf là où il doit être, chez lui.

Des manifestations dans tous le pays, des événements sur Twitter et Facebook, une chaîne pour Gilad, des pétitions. Des distributions d’autocollants que l’on retrouve sur les pare-brise des voitures, mais aussi des étiquettes apposées sur des chaises dans de nombreux restaurants où il est écrit Shamour l’Gilad, réservé à Gilad. Des posters dans des cafés et des boites de nuits. Des T-shirts. Des livres. Des graffitis notamment près du Dolfinarium à Tel Aviv. Des pages d’accueil de banques. Un nombre incroyable de chansons, de poèmes rédigés pour lui par les chanteurs les plus populaires d’Israël, Shlomo Artzi, Aviv Geffen.

Des décomptes du temps passé en captivité par Gilad à la télé, à la radio, dans les écoles. Des photos de Guilad sur les caisses automatiques de parking.


Et sur des avenues comme l’avenue Ben Gourion à Tel Aviv, une chaise pour Gilad et un panneau où il est écrit : Arrêtez-vous une minute pour Gilad.


De date symbolique en date symbolique, de rumeur de libération prochaine en espoir déçu, de manifestation en manifestation, malgré la polémique sur le nombre de prisonniers, Gilad Shalit s’est désincarné, il est devenu un symbole, une sorte de prophète Elie, pour qui on laisse la porte ouverte et à qui l’on réserve une coupe de vin le soir de Pessah.

Les politiques comme l’Israélien de la rue utilisent souvent l’expression, « notre fils à tous ». Le souhait qu’Aviva Shalit exprime dans le documentaire est tout autre: Je veux retrouver Gilad, mon fils privé à moi.

©Rachel Samoul