Poivrons rouges séchés
En ce moment, les poivrons rouges au marché sont superbes. Dans mon premier livre (inédit) Sous le sein gauche, je donne la recette des poivrons rouges séchés. Bien entendu, cet article est dédié à ma Maman.
Le grand nettoyage s’imposait de toute façon, c’était le printemps.
Il était temps de faire griller les poivrons rouges, qu’elle choisissait bien fermes et charnus.
Il fallait veiller à ne pas les racornir tout en les grillant suffisamment pour faciliter l’épluchage. Quand ils avaient été bien grillés de tous les côtés, de longs lambeaux de peau carbonisée se détachaient facilement sans rester collés sur la chair du poivron; l’opération lui rappelait les coups de soleil de son enfance, avant les peurs et les crèmes protectrices à indice de haute protection quand elle s’amusait à éplucher les épaules et le dos de son père endormi sur la rabane au lieu de surveiller ses sœurs.
Elle les enroulait dans du papier journal pendant qu’ils refroidissaient, elle les débarrassait de leurs peaux noircies, qui venaient se glisser sous ses ongles, sous le robinet d’eau froide, elle les disposait sur des planches et elle les exposait à l’endroit le plus ensoleillé de la terrasse pour qu’ils sèchent harmonieusement.
Matin et soir, elle examinerait leur consistance et elle les retournerait.
Bientôt, ils seraient à point, ni trop mous, ni trop desséchés et elle les immergerait dans des bocaux remplis d’huile d’olive et de graines de poivre.
L’huile prendrait une teinte rougeoyante comme un coucher de soleil fulgurant. Poivrons grillés au soleil, ses chewing-gums de soleil. Le soir de la fête, quand elle les découperait dans son assiette, les porterait à sa bouche et les mastiquerait avec application, elle aurait l’impression de brunir de l’intérieur, de s’approprier quelques rayons du soleil.
©Rachel Samoul
Robin
Mar 16, 2010 @ 05:24:05
J’aime beaucoup ta description que l’opération lui rappelait les coups de soleil de son enfance, moi je m’en souviens d’éplucher les épaules et le dos de mon père endormi aussi bien que mes propres bras!
georges
Mar 16, 2010 @ 08:48:59
Ce parfum du « piment rouge » grille,comme disaient nos meres,restera a jamais grave dans notre « rhinencephale » de juifs pieds-noirs nostalgiques,et j’ajouterai les images de ces dizaines de poivrons ,sechant au soleil,sur les « planches a laver »,aujourd’hui disparues…
Merci Rachel pour ce joli texte.
Hag Pessah Casher a toi,aux tiens,et a tous les ex-Oranais (et aussi aux autres…)!
rachelsamoul
Mar 16, 2010 @ 11:28:43
Robin, c’est superbe de sentir que nous avons certaines expériences communes malgré les différences culturelles et la distance;
rachelsamoul
Mar 16, 2010 @ 11:31:12
Merci Georges de me rappeler à ton tour la planche à laver! Je n’ai pour ma part jamais vécu en Algérie et les piments grillés se dorent au soleil de Tel Aviv sur des planches à couper en bois.
Hag sameah
Fran-Esther
Mar 16, 2010 @ 12:34:38
bonjour- c’est ma grand mère roumaine qui m’a apprit à faire les poivrons grillés- en lamelles, arrosés d’huile d’olive, avec de l’ail du sel et du poivre-
quel délice….joyeuse journée à tous-
michelle
Mar 16, 2010 @ 14:24:12
souvenir souvenir……….que de lointains souvenirs!!!!!!!
Grand merci a toi Rachel de faire remonter tant de merveilleux souvenirs a la surface, et de facon si agreable……
je me rappelle a l’approche de Pessah, a Constantine, en Algerie, que nos terrasses, au sommet des immeubles, regorgeaient de planches en bois ou effectivement se cotoyaient poivrons, mais aussi tomates, qui formaient de jolies farandoles de couleurs, …….et de senteurs…
Hag Sameah a toi les tiens et tous les notres
rachelsamoul
Mar 16, 2010 @ 14:51:32
Merci Michelle. Hag sameah!
suzy
Mar 16, 2010 @ 15:12:28
a Marseille aussi nous grillons les poivrons au four, les epluchons,puis nous les mettons dans l’huile d’olive avec de l’ail presse.cela fait des generations que les femmes de chez nous cuisinent ,a la provencale.aujourd’hui,mes israelienne de filles continuent la tradition a jerusalem et tel aviv.
חג פסח שמח
Marion Bleiberg
Mar 17, 2010 @ 07:05:10
Rachel,
Tu ecris tres bien! J’attends avec impatience que tu nous fasses gouter les fameux poivrons rouges.
J’en ai l’eau a la bouche.
Bisous et a demain,
Marion
Matzah Brei pour Pessah « Kef Israel | Vivre Israël au quotidien: connaître, vivre et aimer Israël comme si vous y étiez
Mar 21, 2010 @ 09:50:15
[…] Poivrons rouges grillés pour Pessah […]
sitbon éva
Mar 22, 2010 @ 15:21:25
A Alger ma grand mère se levait chaque matin vers 5 heures et après avoir bu le rituel petit café noir se mettait à la cuisine. Chaque jour elle servait « aux hommes » et aux enfants un repas complet comprenant en entrée poivrons rouges et tchouchouka.
J’aime préparer de temps en temps ces mêmes entrées (mais pas chaque shabbat!).
Je vois que la transmission marche bien: mes enfants, garçon et filles les préparent à leur tour car c’est vraiment délicieux.
éva