Yitzhak Rabin à l’aéroport Ben Gourion

Nous retrouvons notre chroniqueuse Brigitte Cayron à l’aéroport Ben Gourion.

Si par une nuit ou un jour d’hiver, d’été, de printemps ou d’automne, tu passes, cher voyageur\chère voyageuse par l’aéroport Ben Gourion, juste après le contrôle des passeports, ne fais pas comme tous ces gens pressés : ralentis et permets-toi d’être ému.e devant chacune des 25 photos, la plupart en noir et blanc qui retracent la vie d’Yitzhak Rabin, et à travers la sienne, celle d’Israël.
Né le 1er mars 1922 à Jérusalem de parents immigrés, il est mort assassiné le 4 novembre 1995 à la fin d’un gigantesque meeting en soutien aux accords d’Oslo qui devait entériner la paix avec les Palestiniens. Le meeting se tenait sur la place des Rois à Tel-Aviv (TLV), renommée depuis la place Rabin.

 

 

L’expo débute par cette première photo d’Yitzhak Rabin à 5 ans avec sa sœur ; il ne se nomme pas encore Rabin mais Rubitzov. En haut, en 1935, c’est la rue Allenby qui descend jusqu’à la mer. Très peu de voitures en ce temps-là; aujourd’hui elle est sens dessus dessous car on y forge une future ligne de tramway. 

Ensuite l’exposition égrène son parcours de photo en photo qui ont presque toutes un air familier, presque intime, d’avoir saisi l’homme avant le personnage. 

1938, à l’internat agricole et militaire Kadoorie, en lui-même une institution, par lequel sont passées nombre de célébrités israéliennes.  L’internat porte le nom de Sir Ellis Kadoorie, citoyen de l’Empire britannique, Juif né en Irak et mort à Hong Kong en 1922, dont le legs a permis la construction de cette école.  

 

1965, Rabin général des armées, mais aussi Rabin en visite dans un jardin d’enfants.  

Au-dessus, la construction du pipe-line achevé en 1964 qui sur 130 kilomètres à travers le pays apporte l’eau du Nord au Sud jusqu’à la petite ville de Mitzpé Ramon dans le désert du Neguev. 

1967, la guerre des Six Jours, Rabin est le chef des armées. 1968, il est ambassadeur aux Etats-Unis. 1973, il se lance en politique au sein du Parti Travailliste. Premier ministre à deux reprises, la première fois de 1974 à 1977, il se verra contraint de démissionner pour un peu plus qu’une « poignée de dollars ». (A l’époque, Israël, dont les réserves monétaires étaient succinctes, interdisait aux citoyens israéliens la détention de devises étrangères. Un procès eut lieu et les Rabin durent payer une amende très lourde, selon le principe qu’un dirigeant n’est pas au-dessus des lois et doit au contraire être exemplaire).  

De 1984 à 1990, Rabin sera Ministre de la défense, puis en 1992, de nouveau Premier ministre.  Au cours de ce deuxième mandat, Rabin qui toute sa vie avait été un chef militaire, s’est engagé dans un processus de paix avec la Jordanie et en parallèle, avec les Palestiniens.

 

Pour avoir signé les accords d’Oslo qui devaient conduire à la paix avec les Palestiniens, certains rabbins émirent l’équivalent d’une fatwa, din rodef. Le 4 novembre 1995, devant des centaines de milliers d’Israéliens venus ce soir-là sur la place des Rois célébrer avec lui l’espoir d’un futur pacifié, il sera assassiné par un Israélien, juif issu d’un sionisme religieux radical, afin de torpiller la restitution de territoires qui contrecarrerait la réalisation du projet messianique.  

Magnifique hommage, l’exposition se termine par cette phrase : Que le centième anniversaire de Rabin soit un exemple de réalisation et l’occasion de garder espoir

©Brigitte Cayron

Pour plus de précisions, en hébreu.