Un documentaire sur le Dizengoff Center
Brigitte C. notre chroniqueuse cinema nous parle documentaire, Le Center – 95 minutes – 2023
Metteurs en scène : Kobi Farag et Morris Ben-Mayor
Qui ne connaît pas le Dizengoff Center à Tel-Aviv ? Ce centre commercial labyrinthique en plein centre de Tel Aviv, près de la place Dizengoff, à l’intersection de la rue King George qui n’est pas mal non plus et de l’avenue Dizengoff, pas très loin du Souk HaCarmel, pas loin non plus du théâtre Habimah et de la Philarmonique, et tout compte fait pas loin non plus de la plage ?
C’est ça le Dizengoff Center, un nombril proéminent au centre de Tel Aviv.
En suivant la création de ce centre commercial et le parcours de différents personnages, le film nous rapporte 100 ans d’histoire de ce pays.
C’est assis dans les fauteuils rouges de la salle numéro 2 du cinéma LEV, situé juste après l’escalier roulant au troisième étage du côté pair, sous le toit qui sert aussi de parking, que ce samedi après-midi nous avons dégusté ce film qui nous parle de nous, les amoureux de TLV. Cinéma LEV qui porte bien son nom car il veut dire ‘cœur’, nom qui a failli être celui donné à ce Center, et cœur aussi car les propriétaires du cinéma, Izzo – prononcez Ijo – et Nurit Shani aiment, comme nous, de tout leur cœur le cinéma, ainsi qu’ils nous le racontent en se chamaillant gentiment au sujet de la naissance de cette salle de cinéma, en 1981. Oh, c’est drôle, on reconnaît sur l’écran l’agent d’entretien sur sa voiturette électrique orange qu’il fait glisser dans les couloirs et qu’on avait aperçu deux heures plus tôt au même endroit, en vrai cette fois.
Au commencement, ces terres appartenaient à une famille arabe de Yaffo, la famille Hinawi, qui dans les années 1920 les louèrent à des immigrants juifs venus d’Europe. Le quartier Nordia était né. En 1925, Hinawi fut assassiné par des nationalistes arabes. Puis c’est la guerre de 1948, les Hinawi fuient vers l’Egypte et leurs terres sont réquisitionnées par la mairie. Au milieu des années 1960, Nordia est démantelé pour insalubrité et ses habitants relogés dans des immeubles non loin de là. Puis en 1972, un entrepreneur du nom d’Arieh Piltz décide de construire le Center. Qui se joindra à lui pour le financement ? Shmuel Plato-Sharon. La mission est confiée à l’architecte Aliza Toledo, à laquelle la mairie lui adjoint d’office un autre architecte, Itzhak Yashar. 1977, le Center ouvre mais il lui faudra bien 10 ans avant de prendre vraiment vie. Et souvenir de triste mémoire, le 13.3. 1996, un terroriste se fait sauter sur le passage piéton qui relie les deux parties du Center, faisant 13 morts et plus de cent blessés. Un autre attentat non moins meurtrier aura lieu dans le bus no 5, au même endroit.
C’est tout cela que le film nous raconte à travers des photos d’archive et les interviews d’un gardien folklorique, d’Aliza Toledo, de passants, du concierge – ange gardien de la Top Tower, d’une de ses habitantes et bien d’autres et bien sûr de Tamar Berger qui a publié en 1988 Place Dizengoff,une dramaturgie urbaine sur l’histoire de cet endroit dont le titre original est Dyonisos au Dizengoff Center Pourquoi Dionysos ? Peut-être car le Center est comme ce dieu l’était : excessif et renaissant toujours, de cycle en cycle.
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Des escaliers en colimaçon qui montent et descendent, des espaces de jeux pour les petits, des ascenseurs, des couloirs en trompe-l’œil, 400 magasins dont deux librairies très bien achalandées, 1 cinéma à 5 salles, des restaurants, des cafés, des salles de sport, une piscine perchée tout en haut, deux tours d’habitations, sous ses pieds un aquifère, des légendes urbaines, des jeunes un peu perdus qui s’y sentent chez eux, des concerts de rock dans son sous-sol qui peut être aménagé en abri pour un QG de crise, un jardin potager sur son toit et tout un système de recyclage à la pointe de l’écologie, c’est tout ça le Dizengoff Center qui voit passer 40.000 personnes par jour. J’allais oublier les passerelles qui joignent le côté pair au côté impair pour ceux qui aiment se perdre dans les méandres du Center.
©Brigitte C.