Un simple enquêteur, le dernier polar de Dror Mishani

Nous retrouvons Agnès Bensimon qui a lu le dernier roman de Dror Mishani,

« Un simple enquêteur », Dror Mishani, Gallimard,  340 p.
Traduction : Laurence Sendrowicz.
Titre original en hébreu Emouna, אמונה

Les amateurs de polars seront comblés par ce dernier roman de Dror Mishani dans lequel le commissaire Avraham Avraham reprend du service… au moment même où il donne sa démission ! Lassé des enquêtes sinistres dont la résolution n’apporte au fond aucune amélioration ni réconfort aux proches des victimes, il rêve de faire œuvre plus utile, à l’étranger, dans la lutte contre le terrorisme par exemple, comme agent secret.
Avant de quitter ses fonctions il lui faut assurer le tout-venant, à savoir, la disparition d’un touriste français qui n’a pas réglé sa note d’hôtel et l’abandon d’un bébé prématuré, dans un état critique, à proximité de l’hôpital Wolfson. Rien de transcendant au départ mais l’instinct du commissaire Avraham le pousse à creuser l’affaire de la disparition qui s’avère plus complexe en raison de la personnalité trouble du prétendu touriste. D’autant qu’en haut de la hiérarchie on se contente trop vite des apparences. Lorsque le corps de l’homme est retrouvé noyé quelques jours plus tard, la thèse du suicide permet d’enterrer l’enquête. Jouant un double jeu, le commissaire va se rendre à Paris, officiellement pour recueillir le témoignage de la fille-mère ayant abandonné la petite prématurée, que sa mère a envoyé à Paris chez une amie. Et officieusement pour tenter de résoudre le meurtre du « suicidé ».
Dans l’affaire du bébé, Dror Mishani met en scène un personnage hors du commun, Liora, la mère de Danielle, 16 ans, qu’elle aide à avorter clandestinement à la maison, au septième mois de grossesse. Sauf que le nouveau-né, une petite fille prématurée, s’accroche à la vie. Liora prend en main les choses, dépose l’enfant, dans un sac dans un centre commercial près de l’hôpital, envoie sa fille à Paris et mène la vie dure à la police. Ce personnage particulier est animé par la colère et la vengeance.
Si les deux enquêtes se croisent à Paris, Dror Mishani mène le récit de façon subtile, selon une construction rigoureuse. Tous ses personnages ont une personnalité bien campée et le dénouement des intrigues s’opère avec justesse.
Un simple enquêteur est un polar qui se laisse découvrir avec intérêt.

©Agnès Bensimon