Présumé décédé à Auschwitz, une exposition sur les 733 juifs de Liège assassinés

Il me tient à coeur de relayer la tenue de cette exposition. Parmi les 733 victimes se trouvait la famille de mon beau-père Léon Peguine : son père Haïm Peguine, sa mère Rebecca Weinberg et ses deux soeurs Mona et Hermina. Léon avait, lui, été convoyé de force au camp de travail de Dannes-Camiers dans le nord de la France avant d’être transféré à Malines et de là à Auschwitz avec le convoi XVI. Léon avait sauté du train.

Une exposition en hommage aux 733 citoyens juifs de la Cité ardente assassinés dans la Shoah

Aux Fonds patrimoniaux de la Ville de Liège, se tient du 5 mai au 17 juin 2022 l’exposition “Présumé décédé à Auschwitz”. Conçue à l’occasion du 75e anniversaire de la libération des camps d’extermination et de concentration, elle rend hommage aux 733 citoyens juifs de la Cité ardente assassinés dans la Shoah. Le sort de ces Juifs liégeois sert de fil conducteur à l’exposition. À travers leur trajectoire particulière, le visiteur découvre les différentes étapes du système de persécution mis en place par l’Occupant nazi en Belgique et le rôle joué par  les autorités occupantes et l’administration belge.
Les portraits photographiques de chacune des victimes, réalisées majoritairement pour un usage administratif, se retrouvent sur des panneaux très émouvants.

 

 

L’exposition relate l’expérience individuelle de quelques-unes de ces victimes afin de mieux saisir la portée des événements vécus. Des documents originaux provenant de différents fonds d’archives retracent leur parcours et illustrent parfaitement le mécanisme génocidaire, les stratégies de survie mises en œuvre par les victimes et la responsabilité des administrations locales. Pour nombre de victimes, ces documents administratifs sont les seules traces qui nous restent de leur vie.

De la naissance de l’asbl Mémoire de Dannes- Camiers à l’exposition

En 1999, des fils et des petits fils d’anciens déportés juifs de la région liégeoise fondent l’asbl Mémoire de Dannes-Camiers, du nom d’une petite ville du nord de la France, où, en 1942, leurs pères et grands-pères avaient été convoyés de force dans un camp de travail. 250 juifs de la région liégeoise avaient reçu une convocation menaçante, 141 y avaient répondu. Dannes-Camiers n’était en fait qu’un prélude à la déportation vers les camps de la mort. La fondation de l’asbl avait été précédée par un travail historiographique considérable réalisé, durant les années précédentes, par Thierry Rozenblum, lui-même petit-fils de déporté. L’asbl Mémoire de Dannes-Camiers, soutenue par le Musée de la Communauté israélite de Liège, allait prendre le relais des ainés dans la poursuite de ce travail de commémoration.

Le travail a abouti, en 2010, à la publication du livre de Thierry Rozenblum, « Une Cité si ardente… Les Juifs de Liège sous l’Occupation, 1940-1944 », puis en 2012 à une exposition au Grand Curtius et à la création d’un Mémorial des Juifs de la région liégeoise assassinés par les nazis. Ce Mémorial, œuvre de l’artiste Christian Israël, a été exposé au musée Curtius. D’autres projets sont en cours pour installer de façon pérenne dans les murs de la Cité le souvenir des Juifs de Liège assassinés. En 2022, l’exposition « Présumé décédé à Auschwitz. » Portraits de Juifs liégeois disparus (1940-1944), conçue à l’initiative de la Ville de Liège, constitue une étape supplémentaire de ce travail.

Commissaires d’exposition :

Thierry Rozenblum (Mémoire de Dannes-Camiers ASBL) et Barbara Dickschen (Fondation de la Mémoire Contemporaine)

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