Extraits du Discours d’Agnon à l’occasion de son prix Nobel

Pour rendre hommage au célèbre écrivain Samuel Joseph AGNON, voici des extraits de son Discours au diner de remise du prix Nobel de littérature, le 10 décembre 1966 à Stockholm.

La traduction en français de l’entièreté du discours se trouve sur le blog Ecrivains israéliens que je vous recommande.

Le discours en anglais sur le site du Prix Nobel

Discours de Samuel Joseph AGNON au diner de remise du prix Nobel de littérature 1966, Stockholm

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A la suite de la catastrophe historique pendant laquelle Titus de Rome a détruit Jérusalem et a exilé le peuple d’Israël de sa terre, je suis né dans unes des villes de l’exil. Mais je me suis toujours considéré comme moi-même né à Jérusalem. Dans un rêve, une vision de la nuit, je me suis vu debout avec mes frères Lévites dans le saint Temple, chantant avec eux les chansons de David, roi d’Israël, des mélodies qu’aucune oreille n’a entendu depuis le jour où notre cité fut détruite et notre peuple parti en exil. Je suspecte que les anges en charge du sanctuaire de Musique, craignant que je chante éveillé ce que j’avais chanté en rêve, m’ont fait oublié le jour ce que j’avais chanté dans la nuit ; car si mes frères, les fils de mon peuple, entendaient, ils ne pourraient endurer la douleur d’avoir perdu un telle joie. Pour me consoler d’avoir empêcher ma bouche de chanter, ils me permettent de composer des chants en écrivant.

(Par respect pour le moment, le reste de mon discours sera lu en traduction seulement).

(…)

Qui étaient mes mentors en poésie et littérature ? (…)

D’abord et avant tout, il y a les saintes écritures, desquelles j’ai appris comment combiner les lettres. Puis, il y a la Mishna, et le Talmud, et les Midrashim, et le commentaire de Rashi sur la Thora. Après eux viennent les Poskim – les commentateurs les plus tardifs du Talmud – et nos poètes sacrés et nos sages du Moyen Age, sous la conduite de notre maitre Rabbi Moise, fils de Maimon, connu sous le nom de Maïmonide, de mémoire bénie.

La première fois que j’ai combiné les lettres en dehors de l’hébreu, j’ai lu tous les livres en allemand qui passait dans mes mains, et de ceux là, j’ai sans doute été influencé conformément à la nature de mon âme. Comme le temps est court, je devrais compiler une bibliographie ou citer tous les noms. Pourquoi, alors, ai-je la liste des livres juifs ? Parce que ce sont eux qui m’ont apporté les fondements. Et mon coeur me dit qu’ils sont responsables de l’honneur qui m’est fait avec le Prix Nobel.

Il y a un autre type d’influence, que j’ai reçu de chaque homme, chaque femme, chaque enfant que j’ai croisé sur mon chemin, juifs et non juifs. Les discussions des gens et les histoires qu’ils ont raconté ont été gravées dans mon coeur, et certains ont atterris dans ma plume. Il en a été de même du spectacle de la nature. La mer morte, que j’ai l’habitude de voir chaque matin au lever du soleil du toit de ma maison, le ruisseau Arnon où j’avais l’habitude de me baigner, les nuits que j’avais l’habitude de passer avec les croyants et les hommes pieux au Mur des lamentations – nuits qui m’ont donné de pouvoir voir la terre du Saint, béni soit-il, le mur qu’il nous a donné et la cité dans laquelle il a établi son Nom.

De peur de manquer d’égard à toute créature, je dois aussi mentionner les animaux domestiques, les bêtes sauvages et les oiseaux de qui j’ai appris. Job a dit il y a longtemps (135: 11) : « Qui nous enseignent plus que les bêtes de la terre, et nous rendent plus sages que les oiseaux du ciel ? » J’ai écrit dans mes livres certaines choses que je tiens d’eux, mais je crains de ne pas avoir appris autant que j’aurais du, car quand j’entends un chien aboyer, ou le gazouillement d’un oiseau, ou le chant du coq, je ne sais pas si c’est pour me remercier de tout ce que j’ai dit d’eux ou me demander des comptes.

Avant de conclure, je dirais encore une chose. Si je me suis accordé trop d’éloges, c’est pour vous rassurer que je l’ai fait, pour avoir posé les yeux sur moi. Pour ma part, je suis en vérité très petit à mes propres yeux. Jamais de toute ma vie je n’ai oublié le psaume (131: 1) dans lequel David dit : « Seigneur, mon coeur n’est pas hautain, ni mes yeux fiers, jamais je ne me suis exercé aux grandes questions, ou dans des choses trop hautes pour moi. » Si je suis fier de quelque chose, c’est d’avoir eu le privilège de vivre sur la terre que Dieu a promis de donner à mes ancêtres, comme il est écrit (Ezechiel 37 :25) : « Et ils vivront sur la terre que j’ai donné à Jacob mon serviteur, où vos pères ont séjourné; et ils y habiteront, eux, leurs enfants, et leurs petits enfants pour toujours. ».

Lire tout le discours traduit en français sur le blog le blog Ecrivains israéliens

Pour entendre le discours de la voix d’Agnon tel qu’il l’a prononcé le 10 décembre 1966.

Lire aussi Agnon, un écrivain inestimable

Samuel Joseph Agnon, archives de la Fondation Nobel