Yoan Smadja, J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi
Je connais Yoan Smadja, l’auteur de « J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi » publié aux éditions Belfond, depuis qu’il est tout jeune car je suis depuis très longtemps une amie de sa mère Monique. C’est donc avec beaucoup d’émotion que j’ai lu son livre mais aussi avec pas mal d’appréhension. Si je n’aimais pas son livre, qu’allais-je lui dire ?
Mais dès les premières pages, j’ai oublié qui était Yoan pour rejoindre Sacha, Rose, Daniel, Joseph et pour me retrouver en avril 1994 au Rwanda, à la veille et au début d’un génocide effectué en trois mois à coup de machettes du 7 avril 1994 au 17 juillet 1994. Plus de 800 000 personnes massacrées en trois mois. Une saison en enfer.
Daniel, un médecin proche de Paul Kagame part en compagnie de Sacha la journaliste sur les routes du Rwanda à la recherche de sa femme et de son fils. Rose est muette mais Rose écrit, écrit pour Daniel, son mari, son amour. Les lettres de Rose alternent avec les chapitres où le narrateur raconte le périple de Daniel et de Sacha.
C’est un roman qui a le mérite de parler de la tragédie du Rwanda sans être didactique tout en étant très bien documenté. Un roman sensible qui ne se complait pas dans l’horreur, un roman où l’émotion est palpable à chaque page sans pour cela tomber dans le mélodramatique.
Un roman qui n’occulte pas le rôle peu glorieux de la France et la démission de la communauté internationale. Un exemple : les employés de l’Ambassade de France à Kigali n’ont pas été évacués et ont été abandonnés à leur sort comme Rose et son jeune fils Joseph alors que Rose a grandi dans cette résidence où son père était cuisinier.
Un roman au parfum entêtant de vanille, un parfum qui au fil des pages et de l’avancée de l’horreur s’estompe… Et malgré tout, c’est un roman lumineux parce qu’il aborde aussi la possibilité de la reconstruction : lumineux qui est d’ailleurs le dernier mot du livre.
Ce roman est né après un voyage au Rwanda puis en Israël et à Yad Vashem organisé par Yoan Smadja avec l’HaShomer HaTsaïr, un mouvement de jeunesse juif.
Et je suis fière que le fils de mon amie ait écrit un livre de cette qualité.
J’en profite pour saluer Jacqueline Mureketete qui avait 9 ans en 1994 et dont toute la famille a été massacrée. Des années après, son témoignage résonne encore en moi.
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