La statue du Capitaine Alfred Dreyfus à Tel Aviv
Pour rendre hommage au Capitaine Alfred Dreyfus, qui eut un impact sur Herzl et le sionisme, une copie de la statue du caricaturiste TIM (Louis Mitelberg) a pu être réalisée avec l’accord du CNAP (Centre National des Arts Appliqués) et le soutien du Ministère de la Culture français, de la Fondation David Hadida, de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, de l’Institut Alain de Rothschild, de la Fondation Beitler (USA) et de la Mairie de Paris, pour être offerte à la Ville de Tel Aviv.
J’ai assisté au dévoilement de la statue le 27 novembre 2018 en présence d’Anne Hidalgo et de Ron Huldaï, les maires de Paris et de Tel Aviv et d’Hélène Le Gal, Ambassadrice de France en Israël. Mais ce qui m’a le plus ému, c’est la présence de nombreux descendants d’Alfred Dreyfus et parmi eux, l’une de ses arrières-arrières-petites filles soldate en Israël. L’affaire Dreyfus est intimement liée à l’histoire du sionisme et à la fondation de l’Etat d’Israël et cette image n’en était que plus forte. Dans l’assemblée aussi, des descendants du sculpteur TIM et d’Emile Zola dont Martine Leblond-Zola, vice-présidente avec Charles Dreyfus du projet Maison Zola -Musée Dreyfus qui devait ouvrir ses portes à l’automne 2019.
Après maintes péripéties, la statue a enfin trouvé sa place à Tel Aviv grâce au travail de l’arrière-petite-fille du Capitaine Dreyfus, Yaël Pearl Ruiz. Le projet d’un don à la municipalité de Tel Aviv d’une statue en hommage au Capitaine Alfred Dreyfus est né suite à l’exposition consacrée à l’Affaire Dreyfus au Musée de la Diaspora en Israël en mars 2014, organisée par Yaël Perl Ruiz en coopération avec l’Institut français d’Israël et la Bibliothèque Nationale d’Israël à Jérusalem.
En 1986, Jack Lang, ministre de la Culture, souhaite que des personnalités de l’histoire récente comme Sartre, Camus, Picasso, Jean moulin et Dreyfus aient leurs statues dans Paris. Quelques temps après, il assiste à une exposition des caricatures sculptées de TIM et lui propose de réaliser celle d’Alfred Dreyfus. L’intégration à la France, la lutte contre l’antisémitisme et l’injustice, la contribution de l’Affaire Dreyfus au sionisme et à la création de l’Etat d’Israël sont des sujets qui touchent Louis Mitelberg, surnommé Tim, dessinateur, caricaturiste et sculpteur juif polonais, amoureux de la France dont les parents sont morts en déportation. Il crée donc en 1986, Hommage au capitaine Dreyfus, une statue monumentale, actuellement érigée à Paris à la place Pierre-Lafue dans le 6e arrondissement de Paris. La réplique destinée à être installée à Tel Aviv, a été réalisée en Auvergne à Charbonnières-les-Vieilles. La sculpture de TIM où Dreyfus se tient droit mais où son sabre est brisée évoque la tension entre la loyauté totale de l’homme à la France et la trahison de celle-ci et rappelle l’attitude digne qu’il a eu pendant sa dégradation.
L’emplacement de la statue n’est pas anodin, en face de la maison d’Akiva Weiss, la maison en briques d’Arieh Akiva Weiss, l’homme derrière l’idée de cette première ville hébraïque, qui s’appelait alors Ahouzat Bait, le Domaine. Dans la maison, il avait installé la première société cinématographique du pays, Or Hadasha, la Nouvelle lumière. Il était persuadé que la future Tel Aviv (Ahouzat Bait prendra ce nom en 1911) qui n’était encore qu’une petite bourgade dans les dunes, serait le New York du pays à venir ! Quelle vision et quel optimisme ! La statue se trouve non loin de l’Institut Français, du boulevard Rothschild et de la Tour Shalom.
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