Rebooks, Pour sauver les mots et soulager les maux
Dans le cadre du Billet de l’invité(e), la chroniqueuse Cinéma israélien de Kef Israël, Brigitte C. s’intéresse au destin des livres.
Rebooks ou Sipour Khozer (Retour d’histoires) – un projet pas comme les autres
Cela faisait des années que je voyais alignés dans des cafés à travers tout le pays, des livres d’occasion en très bon état, ou comme on dit si joliment des livres de seconde main, qu’on peut feuilleter en attendant son rendez-vous et acheter pour 20 shekels (4.5 Euros) alors que neufs ils coûtent quatre fois ce prix-là.
Et puis, il y a quelques mois j’ai découvert la caverne d’Ali Baba : une librairie du même nom s’était ouverte en plein centre de Rehovot où des centaines de livres, romans et essais, livres de cuisine et livres de voyage n’attendaient que d’être cueillis par les amoureux/euses des livres.
Curiosité aidant, j’ai voulu savoir qui me faisait ce cadeau et j’ai découvert un projet socio-culturel épatant. En 2005 est née l’Asbl, association sans but lucratif, ‘שכולו טוב’ ( ‘Shèkoulo Tov’) – traduisez ‘Que du Bon’ – fondée pour faciliter l’intégration professionnelle, sociale et culturelle d’adultes atteints de maladie mentale. Entre autres projets de cette association qui sert deux mille cinq cents personnes, Rebooks, idée simple mais géniale, où tout le monde trouve son compte :
- le projet offre aux personnes handicapées par la maladie des stages professionnels encadrés ayant pour but leur insertion professionnelle autonome par la suite
- met à la disposition des lecteurs un immense choix de livres (la plupart en hébreu mais pas seulement et j’y ai trouvé des trésors en anglais) pour un prix dérisoire
- permet une deuxième vie aux livres dont on est obligé de se séparer sans avoir le cœur déchiré d’avoir à les jeter car aucune bibliothèque n’en veut alors que Rebooks accepte tous les livres en bon état
- vous remet un à-valoir de cinq shekels pour vos futurs achats et contribue à préserver l’environnement puisque la remise en circulation des livres évite leur réimpression.
Comme je voulais en apprendre encore et que leur site m’avait laissé des questions sans réponses, j’ai téléphoné à Yigal Salma, directeur de Rebooks, qui a eu l’obligeance de répondre à quelques questions : le projet n’emploie pas de bénévoles et le minimum de salariés. Toutes les fonctions sont prises en charge par les adultes en réinsertion. Vente, manutention, service clients par téléphone et internet. Ils reçoivent une allocation de la Sécurité Sociale et pendant leur stage, qui peut aller de quelques mois à plusieurs années s’il le faut, touchent une allocation supplémentaire. Le service client est dévoué et très rapide.
Sur le site, https://rebooks.org.il/, très complet, on peut rechercher le livre qu’on désire, on peut le réserver s’il n’est pas en stock et on peut se le faire livrer, contre un paiement modeste, d’une ville à l’autre. Petit plus, on peut rédiger en ligne un petit résumé d’un livre lu pour éclairer les visiteurs du site, futurs lecteurs.
Quelques données : le projet est subventionné et soutenu par un partenariat des ministères de la Santé, de la Défense et celui des Affaires Sociales. Depuis que le projet existe, des centaines de personnes ont réussi une réinsertion professionnelle autonome. Il y a aujourd’hui à travers tout le pays plus de 350 points de vente dispersés dans les cafés et dix librairies : Tel Aviv, Jérusalem, Rehovot, Natanya, Beer Sheva etc… Et la onzième s’ouvrira bientôt à Acco (St-Jean d’Acre) ville mixte donc la librairie comprendra aussi des livres en arabe. Prenez la peine de vérifier les horaires d’ouverture, ils ne sont pas identiques dans toutes les villes. Allez-y, fouillez, vous repartirez les mains pleines et vous ne le regretterez pas.
Brigitte C.