Sand Storm, Sufat Chol, Tempête de sable, le film israélien à ne pas manquer

Retrouvons la chronique Cinéma israélien de Brigitte C.

TEMPÊTE DE SABLE (Sufat Chol – Sand Storm)

un film de Elite Zektser (Zexer) 2015 – 87 minutes

avec : Lamis Ammar, Ruba Blal, Hitham Omari…..                                                    
Mercredi, 21.9.16 , un jour avant la distribution des Oscars israéliens pour l’année 2016, c’est la fête du cinéma israélien dans toutes les salles du pays où les billets sont vendus à 10 shekels (2,30 euros) la séance. Et les salles sont pleines !

Je me tiens devant les caisses où sont affichés 27 films dont la plupart viennent de sortir sur les écrans ou sortiront après Souccoth. Comment choisir entre ‘Une semaine et un jour’ qui raconte le lendemain absurde de la shiv’a d’un couple sur le mode de l’humour noir, d’Assaf Polonski dont c’est le premier film, ou « Notre Père » de Meni Yaich qui avait fait « Les Voisins de Dieu » ? ou encore « Tikoun » ou « Au-delà des collines et des montagnes » d’Eran Kolirin qui avait en autre tourné « La visite de l’orchestre » un des films cultes du cinéma israélien ? Ou bien, parce que les femmes cette année font et ont les honneurs  du cinéma   « La monte-en- l’air » de Hagar Ben Asher dont c’est le deuxième long métrage qui avait tourné ‘Hanotenet’ (the Slut), ou ‘Traverser le mur » de Rama Burstein qui avait tourné « Fill the void » et traite du même sujet sous un autre aspect, ou encore « Dimona Twist » de Michal Aviad, documentaire sur des immigrantes qui tentent de redonner vie à leur culture dans les années cinquante, toutes œuvres qui traitent de ce qui concerne et reflète les préoccupations de la société israélienne,  le sacré,  l’armée que ce soit une comédie ou pas, les communautés  orthodoxes, la périphérie, beaucoup de films sur des femmes  dont  plusieurs films tournés par des femmes, et finalement, devant cet éventail  de possibilités plus alléchantes les unes que les autres, ce sera Sufat Chol.

Le film raconte  un moment précis et dramatique dans  la vie de Djellila, bédouine, mère de 5 filles, entre l’obligation d’accepter que son mari prenne une deuxième femme et même de participer à la fête, et la découverte que sa fille aînée, Laïla, étudiante à l’université de Beer-Sheva, est amoureuse d’un étudiant bédouin d’une autre tribu, que la tradition ne lui permet pas d’épouser.  Entre ces deux femmes, le mari et père, Suleiman, dont la cinéaste trace un portrait nuancé.  Autour, la société bédouine qui est omniprésente dans les relations familiales,  le désert  et son isolement.  A dix minutes de là, Beer-Sheva, qu’on ne voit jamais dans le film car un monde les sépare.  

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Sans faire la leçon, avec la volonté  de comprendre la vie de ses deux héroïnes ancrée dans des codes culturels rigides,  la cinéaste fait évoluer de scène en scène les rapports complexes qui existent entre les personnages.  Tout au long on se demande  comment  cela va finir et le film progresse de surprise en surprise, – il ne faut pas prendre à la lettre l’affiche illustrant le film- dévoilant à chaque scène un autre aspect des rapports entre  Djellila, Laïla et Suleiman,  rapports infiniment complexes entre la reconnaissance des  sentiments  et  le carcan social. Autour d’eux, d’autres personnes se retrouvent impliquées,  les  parents de Djellila ou une des jeunes sœurs de Laïla qui donnent au film une dimension  polyphonique.  

Sous ses dehors retenus (même les scènes dramatiques sont sans débordement) c’est un film passionné  quand une certaine modernité rencontre la tradition d’une société repliée sur elle-même.  

Le travail de la cinéaste est exceptionnel. Le jeu des acteurs est excellent. Tout  est juste, chaque plan, chaque dialogue est à sa place et les scènes s’enchaînent et s’éclairent les unes les autres avec richesse, émotion et profondeur.  C’est  tout simplement un film parfait, à voir et à revoir car il est impossible de saisir dès la première fois tout la subtilité de chaque coup d’œil, de chaque expression,  de chaque scène.

22.9.2016, il a remporté le prix Ophir, l’oscar israélien de la mise en scène et représentera Israël aux Oscars internationaux.  Dès maintenant on croise les doigts car la cinéaste mérite toutes les distinctions.                    

Le film sortira en France le 25.1.17.  

Brigitte C.