De Shlomo HaMelech à Shaul HaMelech

A propos du projet Tel Aviv, en marchant, en écrivant

Après presque un an d’interruption, me revoilà en marche !

Début de la promenade : Shlomo HaMelech 31

C’est un bâtiment, construit en 1942 par Raphael Haviv, un Juif sioniste originaire de Tripoli. Je n’ai pas réussi à découvrir si c’était Tripoli en Libye ou Tripoli au Liban et c’est la première fois que je remarque que Tripoli veut dire, trois villes, tri-polis ! Très chic pour l’époque, des pierres de Jérusalem,  un escalier à double envolée, une fontaine, un bassin, aujourd’hui sans eau ni poisson, des bancs en pierre, des boiseries, un plafond à caissons, un carrelage qui semble d’époque, des vitraux avec les douze tribus dans le hall d’entrée. Un serpent pour Dan, un lion pour Judah, une barque pour Zébulon. Dans un premier temps, le bâtiment a abrité un quartier-général de l’armée britannique ; dans les années 50, il est transformé en hôtel, l’Hôtel Haïm ; puis en maison d’accueil pour les soldats et notamment les orchestres de l’armée. Dans les années 80, à cause de différends entre les héritiers, il a presque été laissé à l’abandon avant de prendre le nom de Maison de Yaakov et d’accueillir des artistes à condition qu’ils soient très pauvres. Et c’est ainsi que le chanteur Arkadi Duchin et ses amis composèrent en 1989 leur premier album HaHaverim shel Natacha, Les amis de Natachaque j’ai tant aimé et le poète Ronnie Someck  y « aurait fait cuire des phrases ».

Au coin de Shlomo Hamelech et de la rue Zamenhoff, un « mur de voeux » qui a connu des jours meilleurs et qui invite les passants à écrire leurs souhaits :

« Je voudrais être une princesse

Je voudrais rencontrer l’homme de ma vie

Je voudrais me sentir bien

Je voudrais הייתי רוצה  … »

Dans la rue Shlomo Hamelech, il y a de très beaux exemples de maisons Bauhaus notamment celle qui fait le coin avec la rue Yael avec ses carreaux de céramique. J’en ai parlé dans la promenade : De la Place Masarik à la Reine Esther

Je tourne à gauche dans la rue Zamenhoff, le père de l’esperanto. Je viens de lire que quelqu’un a traduit la Bible en emoji et je me demande si Zamenhoff aurait apprécié. 

Petite digression : dans le monde des emoji, les hommes marchent ou courent et les femmes dansent. Dois-je changer le titre de ma rubrique en Tel Aviv, en dansant, en écrivant ? Et une pensée émue pour Benoite Groult qui est morte aujourd’hui et dont le Ainsi soit-elle a accompagné mon adolescence.

Retrouvons la rue Zamenhoff où, les sens en alerte,  je déniche un tag Tel Aviv, une maison rénovée très moche, un message, The vastness of life is only bearable through love signé n.d. pour Notre-Dame, neodyme ou non-défini ? Traduction : La vastitude du monde est seulement supportable grâce à l’amour

La rue Zamenhoff retrécit et devient pietonne. C’est là que près de la synagogue Yeshuroun et de son centre Loubavitch, se trouvent les bureaux de Yad Sarah qui fête ses 40 ans. Formidable organisation de bénévoles où on peut se procurer gratuitement du matériel médical, canne, humidificateur, lit médical, chaise roulante et bien d’autres choses encore.

La rue Zamenhoff  débouche grâce à une volée d’escaliers sur Sderot Hen, la version calme du boulevard Rotshchild, même allée centrale, même piste cyclable mais le tout beaucoup plus pastoral.

Juste en face, une nouvelle petite impasse secrète : Letteris, un nom comme un jeu de lettres. Petite recherche sur le Net et en effet, il existe un jeu de lettres qui porte ce nom, le Lettris, le Tetris des lettres. Je n’ose pas aller voir de quoi il s’agit de peur de devenir accro comme je l’ai été pour Tetris. Je m’égare, revenons à Meir HaLevi Letteris, un homme de lettres, un poète hébraïque du XIXe, issu d’une famille d’imprimeurs, ce qui explique ce patronyme  ! Il a publié une Bible en hébreu devenue un best-seller de l’époque et traduit Racine en hébreu : Athalie en 1835 et Esther en 1843. Nous sommes au début du XIXème siècle, en pleine Haskala, les Lumières juives, et l’hébreu connaît une première phase de renouveau comme langue littéraire. C’est aussi le premier à avoir écrit en hébreu un article positif sur Barouch Spinoza !

Après avoir vu une maison en forme de trapèze au bout de l’impasse Letteris, je reviens sur Sderot Hen et me dirige vers le Sud. Avant de tourner à gauche dans HaShoftim, jusqu’à Ibn Gvirol, je remarque au numéro 24 de Sderot Hen, un bâtiment très daté « Israël année 70 » avec une fresque rouge et noir sur fond ocre de Dan Livni.

Fin de la promenade : coin d’Ibn Gvirol et de de Shaul HaMelech où je fais la jonction avec la promenade De la rue des Prophètes à la rue Katzenelson

De Shlomo Hamelech à Shaul HaMelech, j’aurais du faire la promenade dans l’autre sens pour respecter la chronologie biblique. Shaul d’abord, puis Salomon, Shlomo en hébreu. Entre les deux, David dont la rue n’est pas très loin.

 

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Tel Aviv, En marchant, en écrivant : Marche n°42

Distance parcourue : 1, 5 kilomètres

Date :   6 juin 2016, 29 Iyar 5776

Pour lire toutes les marches du projet Tel Aviv, en marchant, en écrivant