Attentat à Sarona à Tel Aviv
Le 1er janvier 2016, je travaillais rue Dizengoff à Tel Aviv dans ma boutique du Palais des Thés Israël quand, à quelques mètres de là, a eu lieu un attentat qui a fait deux morts et de nombreux blessés. J’écrivais alors un billet J’étais rue Dizengoff le 1er janvier 2016. Je n’étais pas à notre boutique de Sarona Market ce 8 juin 2016 mais j’aurais pu y être et Charles, Dan, Sarah ou Anaël aussi et j’ai eu la désagréable sensation, bien que tout à fait subjective, que nous étions poursuivis. Il faut dire que lors de l’attentat du 9 mars 2016, sur la promenade de Yaffo, Anaël faisait du sport à proximité.
En entendant les sirènes des ambulances et de la police et en apprenant que l’attentat avait lieu à Sarona Market, j’ai eu peur. Charles avait quitté les lieux une heure plus tôt mais qu’en était-il d’Alla ? Finalement rassurée pour mes proches, mon équipe et mes amis, je suis restée hébétée, choquée devant la télévision. Les caméras de sécurité du chocolatier Max Brenner ont révélé l’horreur de la situation. Des familles, des couples venus boire un chocolat se retrouvent la cible de terroristes palestiniens.
C’est le chaos et l’horreur.
De nombreux blessés et quatre victimes dont je veux écrire les noms et montrer les visages. Que leur souvenir soit source de bénédiction : Ilana Naveh, Ido Ben-Ari, Michael Feige et Mila Mishayev. Je pleure quatre personnes que je ne connais pas.
Quarante-huit heures plus tard, j’ai assisté à une kabbalat shabbat, en plein air, en l’honneur de Ido, Ilana, Michael et Mila et pour le rétablissement des blessés. La cérémonie a débuté par la chanson : cette mélodie, il est impossible de l’arrêter את המנגינה הזאת אי אפשר להפסיק
Puis Ana B’Coah, un très ancien poème et le Psaume 121, Shir LaMaalot
Parmi les participants à la cérémonie, Daniel Shapiro, ambassadeur des Etats-Unis en Israël.
Tout était tellement paisible. La luminosité, exceptionnelle. Une légère brise faisait se balancer la cime des palmiers. La beauté du monde se révélait là. Les enfants riaient et je n’arrivais pas à arrêter mes larmes.
Impossible de ne pas penser à ce qui s’était perpétré à cet endroit. Et de se dire que dans un monde de terroristes, je, vous, nous serons toujours la cible non pas parce que nous sommes Israélien, Juive, femme non voilée ou simplement femme, caricaturiste, policier ou gay mais tout simplement parce que nous aimons la vie, la musique, la poésie, la fête, la plage, l’amour et le chocolat.
Quelques jours plus tard, l’horreur, c’était à Orlando. La municipalité de Tel Aviv a éclairé sa façade en solidarité avec les quarante-neuf victimes du massacre d’Orlando. Je me refuse à inclure le terroriste dans ce décompte macabre.
Et je vous assure, Je ne suis ni Tel Aviv, ni Paris, ni Bruxelles, ni Istanbul, ni Ouagadougou, ni Le Caire, ni Jérusalem, ni Orlando. Je suis vivante et j’aimerais le rester.