L’esprit de l’escalier (Afterthought), un film d’Elad Keidan
La chronique cinéma israélien de Brigitte C.
L’esprit de l’escalier (Afterthought) – une fiction d’El’ad Keïdan – film sorti en 2015
C’est tout simple, c’est comme la vie, on est tout le temps surpris, rien n’est là où on l’attend. Quant à l’histoire, elle tient en deux phrases : à Haïfa, deux hommes en crise. Ca fait mal bien sûr, mais c’est burlesqueaussi. L’un descend, l’autre monte. Le destin, ou le hasard, c’est comme on veut, va-t-il les faire se rencontrer ? Ou finalement non ?
En hébreu, le film est intitulé Hayored lema’ala, היורד למעלה, Celui qui descend vers le haut, car la vie est pleine d’inattendus et de paradoxes et que celui qui descend remonte peut-être la pente tandis que celui qui pense monter est pris de vertige et trébuche.
Tandis qu’Ouri, jeune écrivain frustré, s’apprête à tout quitter, ce qu’il aime et déteste à la fois et descend les escaliers, du Carmel jusqu’auport où un bateau l’emportera loin de ses soucis, l’autre, Moshè, homme déchu, remonte de la ville basse où il vit pauvrement à la recherche d’une aiguille dans une botte de foin, une boucle d’oreilles que sa femme aurait perdue quelque part.
Tout au long de leurs parcours, des petites ‘fenêtres’ s’ouvrent, des pauses, où l’un et l’autre croisent d’autres habitants de Haïfa, avec lesquels ils papotent et leurs échanges, surprenants et drôles nous rendent aussi un peu mélancoliques. On rit et on soupire. La vie je vous dis. A travers ces fragments, on en apprend petit à petit un petit peu plus sur l’un, sur l’autre. A la fin on ne sait pas comment ça va continuer mais bon, ce n’est pas désespéré. Voilà, c’est un film philosophique en apesanteur dans ce Haïfa où il fait toujours beau mais où le ciel bleu est voilé, ce qui fait qu’on n’y voit pas très clair et malgré un soleil permanent dont les rayons eux aussi sont mitigés. Donc mieux vaut rester couverts. C’est la vie, mode d’emploi. Alors mieux vaut prendre de la hauteur, de la distance, et en rire avec El’ad Keïdan, le metteur en scène et scénariste du film, qui pour son premier long métrage a mis au bout de sa caméra un filtre absurde, inventif et drolatique pour notre plus grand bonheur.
Il a reçu le prix du meilleur film au Festival international de Haïfa en octobre 2015.
Le film nous a donné très envie de monter ou de descendre (nous n’avons pas encore décidé) les escaliers de Haïfa. Sur la page Facebook du film, on nous propose une carte avec tous les lieux de l’action : Vous êtes vous déjà promenés dans un film ?Cette promenade va sûrement être le sujet d’un futur billet !