Attaque au couteau à Raanana : un jeune père témoigne
Trois Israéliens ont été blessés vendredi soir rue Anielewicz à Raanana lors d’une attaque au couteau. Joël Edery était au parc avec son fils. Il témoigne. La terreur au quotidien en Israël.
Un shabbat comme les autres à Raanana , enfin presque … un repas en famille dans ce jour merveilleux où
les téléphones portables et autres objets connectés nous laissent à nos familles.
Vers 14h30 mon fils Hillel me demande d’aller jouer au parc. Balançoire et toboggan au programme, un bon bouquin et c’est parti. Trois minutes à pied derrière la maison. Je regarde mon fils jouer avec ses copains, son sourire, son insouciance, je craque à chaque fois en bon père gâteux. Entre deux paragraphes de mon livre, il vient me voir sur mon banc : Papa, lui, c’est mon copain Yair, il était avec moi à la maternelle !
Papa regarde comment je fais avec le ballon !
Les oiseaux chantent, un soleil de ski nous réchauffe, les gens rient entre eux, un enfant pleure, il vient de tomber.
Soudain un cri d’horreur retentit, suivi d’un deuxième, je lève la tête et je comprends tout de suite à la vue d’un couteau, je crie de toutesmes forces : un terroriste ! un terroriste !
Mon fils Hillel ! Hillel !
Je le vois se figer tellement mon appel est un ordre, je cours vers lui, le saisis par la main. Où me réfugier ? Protèger mon sang, mon enfant !!
J’aperçois une dame et sa fille qui sortent d’une maison, attirées par les cris. Là- bas ! Je dois me rendre là-bas !
Pendant ma course, j’entends une voix me dire en hébreu : tu peux prendre soin de moi aussi. C’est Yair, 4 ans, un poid splume, je le soulève avec une main, tire Hillel avec l’autre, je cours vers cette porte de maison.
Je jette un regard sur le côté gauche, j’aperçois le terroriste qui tente de rentrer dans une synagogue, heureusement la porte et fermée. …il me voit, dans son regard je comprends que je suis sa cible…
Une peur que je ne connaissais pas me saisit, me glace. … Putain les enfants….je pousse la dame et sa fille à l’intérieur de leur maison, j’y propulse Hillel et Yair, referme la porte…je suis toujours à l’extérieur…la peur que le terroriste essaie de rentrer…
Je cours dans l’autre direction pour l’éloigner, je n’ai que mes deux mains et mon courage pour me défendre, j’entends Hillel qui hurle : Papa !
Je fais les soixante, soixante-dix mètres les plus longs de ma vie…un fou d’Allah me poursuit, un couteau à la main, avec l’envie féroce de me trancher la gorge…
Soudain j’entend crier : Joël, pousse toi. Le terroriste est quatre mètres derrière moi. Trois coups de feu retentissent. Il l’a raté. C’est Eyal mon jardinier.
Le terroriste me lâche….il s’enfuit dans une rue, entre dans un jardin, je me retrouve derrière mon jardinier préféré. La chasse est lancée, la bête se réfugie dans le parking d’une villa, les forces de police sont arrivées..;on ne sait pas vraiment où il est, il a pu sauter d’un jardin à l’autre, rapidement la police entoure le pâté de villas. Je l’aperçois voulant sauter un mur: il est là !!!
Deux minutes plus tard, il est parterre attaché.
Tout est fini!
Hillel, vite je cours le chercher à nouveau..il est en larmes …me serre dans ses bras, à peur de sortir de la maison, …Papa j’ai eu peur que tu sois mort!
À l’âge de six ans, c’est un choc. J’ai eu très peur aussi, peur que tout s’arrête là…
Quelques heures sont passées, j’ai pu embrasser mes enfants, ma femme mais plus de la même façon, je suis certain d’une chose :
j’ai encore plus envie de vivre, d’aimer la vie, d’aimer les miens, d’aimer les êtres humains.
J’ai encore plus envie de combattre pour la liberté et l’humanité.
Merci au Maître du monde d’avoir pris soin de moi.
Mon pays est merveilleux et j’ai le meilleur jardinier de la planète ! De tout mon coeur, merci Eyal!
Hillel, tu es un vrai petit homme.
Bonne semaine. Prenez soins des vôtres sans modération !
©Joël Edery