En marchant, en écrivant : Egarements et digressions

A propos du projet Tel Aviv, en marchant, en écrivant

Assise sur un banc, Gan Gordon, – qui ne se trouve pas dans la rue Gordon mais au coin d‘Arlozoroff et de Weizmann (le premier Président de l’Etat d’Israël) -, j’observe les chats qui déambulent sur la sculpture. L’un d’eux me fixe intensément. C’est un mémorial, encore un. L’histoire d’Israël n’est faite que de mémoire. Un mémorial en souvenir des onze athlètes assassinés à Munich lors des Jeux Olympiques de 1972. La sculpture, La guerre des Fils de la Lumière contre les Fils des Ténèbres, est d’Eli Ilan, j’aime l’allitération de son nom, comme un entrechat.

Je dépasse le canyon, le centre commercial ; le mot kanyon en hébreu a été formé sur la racine du verbe acheter, mais je l’associe toujours au canyon, le défilé entre deux montagnes, au cañon, l’un des seuls mots de la langue française qu’on peut écrire avec un tilde. Celui-ci engoncé entre deux tours porte bien son nom. Je marche le long de l’hôpital. Souvenirs : naissance d’Anaël, hospitalisation de Léon. La façade du nouveau centre cardiaque a des touches rouges, comme un coeur qui bat. En face, au coin de la rue Berkovitch, un jardin que je remarque pour la première fois, un bassin avec des joncs et des nénuphars. Le carrefour offre une belle perspective. La grue et le toit d’un bâtiment ont l’allure d’un fil à plomb mesurant la verticalité des trois tours Azrieli.

Je prends la rue Berkovich, dépasse l’excellent restaurant Toto. Berkovitch a traduit les histoires de Shalom Aleichem, du yiddish à l’hébreu. Entre les tours,  un parterre de fleurs, des épis de blé et un palmier au ras du sol. Plus loin des jeunes enfants jouent autour d’une immense tête sans visage. Il me semble reconnaître une statue d’Ofer Lellouche.

J’enquête.

D’abord, identifier le nom du jardin où se trouve la statue. Il s’agit du jardin Rivka Ziv. Qui est-elle ? La réponse m’est donnée par Wikipedia en hébreu. Rivka Ziv était la fille de Monsieur Marks, celui de Marks and Spencer. Elle est l’une des fondatrices de la WIZO dont elle fut la première Présidente et on la connait plus sous le nom de Rebecca Sieff. Dans ses Mémoires, elle raconte que vers 1910, elle a écouté un discours de Haïm Weizmann qui l’a ralliée à la cause sioniste. Si vous avez l’occasion, visitez la maison de Haïm Weizmann à Rehovot, c’est une pure merveille. Je continue ma lecture et je découvre que plus tard elle est devenue une amie très proche de sa femme, Vera, et qu’elle s’est fait construire une maison, je devrai plutôt dire un manoir de style Bauhaus, par l’architecte Richard Kaufman, avec piscine, tennis, petit bois qui domine la plaine du Sharon à Tel Mond. J’imagine Rebecca et Vera se recevant l’une, l’autre dans leur mansion. Gatsby en Israël ! J’apprends aussi que comme les Weizmann elle a perdu un fils et que l’Institut Weizman à Rehovot portait d’abord le nom d’Institut Ziv.

Je m’égare.

Mes marches s’accompagnent toujours de promenades sur le net où je me perds souvent. Une recherche en emmène une autre, et je passe de Wikipédia à YouTube, du site de la municipalité de Tel Aviv à un article de journal, du français à l’hébreu. La tentation est grande d’emprunter des chemins de traverse, de faire le mur pour se retrouver sur Facebook. Alors qu’une marche a toujours un point d’arrivée, l’errance sur la Toile peut être infinie.

Il s’agit bien donc d’une sculpture d’Ofer Lellouche qui s’intitule Tête n°1. La Tête n°2 est installée face au Lac Majeur à Meina pour marquer le souvenir de seize Juifs italiens jetés dans le lac.

Je continue dans la rue Berkovitch, l’arrière-cour du Musée de Tel Aviv. Je vois la nouvelle aile du Musée de Tel Aviv mais côté coulisses. Je passe sous un tunnel nauséabond, puis tourne à droite dans Shaul HaMelech qui se transforme plus loin en HaNeviim. Un vélo illuminé, suspendu à une facade me comble, comme si marchant dans un cañon, j’avais surpris une antilope m’observant sur un escarpement.

Le Canyon Weizmann

coeur jonc

Le Centre du coeur à Tel Aviv

perspective Azrieli

Fil à plomb et Tours Azrieli

ofer lellouche

Tête n°1, Ofer Lellouche, Gan Rivka Ziv

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Tel Aviv, En marchant, en écrivant: Marche n°7

Seule 

Distance parcourue: 3 kilomètres 300

Date: 3 Kislev 5774/ mercredi 6 novembre  2013

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photo (21)

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