En marchant, en écrivant : En se souvenant

A propos du projet Tel Aviv, en marchant, en écrivant

Fin octobre. Il fait toujours bon, presque chaud. Quel plaisir de marcher en sandales ! Départ du magasin au coin de Dizengoff et de la rue Gordon. Charles fait un bout de chemin avec moi. La rue Gordon est bien ombragée, presque silencieuse. Je marche en regardant vers le haut, j’admire toujours la pureté des bâtiments Bauhaus. Nous traversons la rue Reines, puis la rue Spinoza. Au coin même où je laissais Dan continuer sa route seule jusqu’au gan, le jardin d’enfants qui porte le nom de la rue. Etais-je une mère indigne ou simplement très jeune et confiante? Qu’en aurait pensé notre philosophe mis au ban de sa communauté ? Il paraît que Ben Gourion avait le projet de lever, au nom d’Israël, l’anathème jeté sur Spinoza par les autorités religieuses de son temps.

La plupart des jardinets qui entourent les maisons n’ont pas encore été transformés en places de parking comme dans certaines rues. La forme d’une haie comme une couronne sur la tête du promeneur qui s’engage dans l’allée me ravit.

Sur la droite, une petite impasse. Un jardin perdu, des bancs, des arbres et comme souvent en Israël, un abri. Il porte le nom de Dvora Baron, considérée comme étant la première femme écrivaine en langue hébraïque. Imprévu de trouver un jardin à son nom mais elle mériterait bien une rue. Elle a passé les dernières années de sa vie recluse ; elle écrivait dans son lit comme Proust.

Nous découvrons que le jardin s’ouvre sur une ruelle dénommée Gour Arie, impasse du lionceau qui débouche sur le boulevard du Fils du Lion,  sur le boulevard Ben Gourion juste en face de la sculpture du lampadaire qui me fait penser à un graffiti de Banksy. Un cône en acier reproduit le halo que donnerait un réverbère dans une rue sombre, la nuit. Charles s’assoit devant la sculpture de Gabi Klezmar (un nom qui sonne bien !) avant de retourner au travail. La statue-lampadaire porte le nom de Sculpture obligatoire n ° 1. Rencontrerais-je au cours de mes promenades des sculptures n°2 et 3 et 4?

Je passe sous le tunnel en contre-bas du bâtiment de la municipalité. Je tourne dans Ibn Gvirol et je rentre dans la municipalité, juste pour avoir le plaisir d’observer les graffitis de DoverD sur les escaliers roulants.

Je ressors et je remarque au sol des dalles qui représentent un tapis de fleurs stylisé, souvenir de l’événement de septembre 2009 où dans le cadre des festivités du centième anniversaire de Tel Aviv, un tapis de fleurs (cinq cent mille bégonias ont été acheminés par avion de Belgique) a été déployé sur la place Rabin par des artistes venus de Bruxelles.

Et je me retrouve devant les escaliers où Yitzhak Rabin a été abattu le 4 novembre 1995 et son mémorial. Seize roches de basalte aux formes géométriques disloquées, brisées comme après un tremblement de terre. C’était un tremblement de terre. Après sa mort, les jeunes Israéliens se retrouvaient sur la place qui s’appelait encore la place des Rois d’Israël pour se recueillir et allumer des bougies du souvenir. Les murs autour de la municipalité s’étaient peu à peu remplis de graffiti, des murs comme livre de condoléances. Les graffiti ont été effacés mais une partie notamment un grand Shliha, Pardon sont visibles sous une vitre près du mémorial.

Je continue direction nord sur Ibn Gvirol. C’est agréable de marcher dans cette grande avenue, protégée du soleil sous les pilotis des bâtiments à la Le Corbusier. Je tourne à gauche dans la rue Gilaad. J’arrive chez Shaike grâce à qui je peux marcher le cou souple et la tête haute. Mais je vous en dirai plus une autre fois!

 

Structure obligatoire n°1 de Gabi Klazmer

Mémorial à la mémoire d’Itshak Rabin

Pardon, graffiti pour Itshak Rabin

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Tel Aviv, En marchant, en écrivant: Marche n°4

Avec Charles puis seule

Distance parcourue: 2 kilomètres 200

Date: 15 Heshvan 5774/21 octobre  2013

photo (19)

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