Liège, une ville face à la persécution des Juifs

Je suis avec beaucoup d’intérêt et d’émotion le travail de l’association Dannes-Camiers. Je vous avais parlé du livre de Thierry RozenblumUne Cité  si  ardente? Les  Juifs de Liège  sous  l’Occupation,  1940-1944. Mon beau-père Léon Péguine était au camp de Dannes-Camiers et il a sauté du train en direction d’Auschwitz le 31 octobre 1942, il y a de cela 70 ans, j’ai eu l’honneur d’être la mère de ses petits-enfants. Ses soeurs, Mona et Hermina, ses parents, Haïm et Rebecca ont été assassinés à Auschwitz.

Dimanche 9 décembre 2012 à 15 heures à Liège au Grand Curtius-Inauguration du Mémorial

L’inauguration du Mémorial est l’aboutissement d’un long chemin qui a vu, depuis de nombreuses années un engagement citoyen contre l’oubli et pour une mémoire vivante. L’exposition Liège, cité docile ? Une ville face à la persécution des Juifs (1940-1944) est un projet pédagogique innovant d’éducation citoyenne, au respect de l’autre et contre toute forme de persécution. Pour mémoire, en 2010, le Bourgmestre de Liège a reconnu publiquement la responsabilité de l’administration de la ville de Liège de l’époque pour son attitude dans l’application des ordonnances anti-juives promulguées par les Nazis.Association Dannes-Camiers

 

Il y a une dizaine d’années, des fils et petits-fils  d’anciens  déportés  juifs  de  la  région liégeoise  dans  les  camps  du  Nord  de  la France se sont fixé comme objectif d’entretenir la  mémoire  de  cet  épisode  tragique.  Pour raconter  ce  qu’a  été  le  sort  de  nos  familles sous  l’occupation,  l’asbl Mémoire  de Dannes-Camiers  a  réuni une masse documentaire considérable et a soutenu  la publication du livre de Thierry Rozenblum. Ce  livre Une Cité  si  ardente? Les  Juifs de Liège  sous  l’Occupation,  1940-1944  met, implacablement,  en  lumière  le  processus  à travers  lequel  nos  parents  et  nos  grands-parents  ont  été  discriminés,  spoliés  et persécutés, avant d’être, pour un tiers d’entre eux, arrêtés et déportés à l’Est vers les camps et les centres de mise à mort. Le livre réserve aussi  à  celles  et  à  ceux qui  les ont  aidés  la place qui leur revient de plein droit. Il évoque également  leur  courage  en  racontant  comment,  très  vite,  ils  se  sont  organisés  pour échapper  à  la  déportation,  avec  pugnacité, esprit d’initiative et une grande force de vie.
Sept  cent  trente-trois  assassinats  ont  été commis,  au  terme  d’un  processus  qui  a commencé  dans  les  bureaux,  les  administrations et les rues de notre ville. C’est cette vérité  terrible  que  le  projet  Liège,  Cité
docile ?  nous  invite à penser et à méditer, non sur le mode du réquisitoire, mais sur celui du questionnement. Le Mémorial présenté dans  cette  exposition constitue  un  hommage  aux  victimes,  une commémoration pour leurs familles, l’inscription d’une  réalité  locale dans  la  transmission d’une  page  sombre  de  son  histoire.  C’est aussi  un  outil  de  réfexion  pour  les  citoyens d’aujourd’hui et de demain. Liège est la première commune de Belgique à édifer un tel dispositif.
Michel Weinblum,
Président de Mémoire de Dannes-Camiers